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Marc Ferrero : "Croire au Père Noël favorise l'imaginaire de l'enfant"

12h17 - 14 décembre 2021 - par Info Clermont Métropole
Marc Ferrero :
Pour Marc Ferrero, il n'y a pas suffisamment de séparations entre la vie des adultes et des enfants.

Psychologue clinicien, assesseur au tribunal pour enfants de Clermont-Ferrand, Marc Ferrero est co-auteur de « L'enfant et ses complexes » avec Jean-Marie Besse (Ed. Mardaga).

Vous évoquez dans vos ouvrages la responsabilité des écrans dans la maltraitance des enfants. Expliquez-nous !

La crise du Covid a accentué les violences sur les enfants et les femmes. Les écrans ont une part importante aussi dans le harcèlement moral et sexuel. Et dans le suicide des adolescents, notamment du côté des filles. Sur les réseaux sociaux ont leur dit quelles sont trop grosses ou qu'elles ont des petits seins... Il y a cette maltraitance-là mais aussi le fait qu'à partir de 5 ou 6 ans, un enfant a une tablette ou un téléphone portable. C'est la porte ouverte au monde entier et le monde entier peut pénétrer dans la chambre de l'enfant. J'encourage beaucoup les parents à mettre un contrôle parental pour ne pas avoir accès à tout, même à Facebook. Un comique a dit : « avoir beaucoup d'amis sur Facebook c'est comme être riche au Monopoly... »

Quel est l'impact sur le langage ?

Le souci c'est la fascination des enfants pour les écrans. Le téléphone portable ce n'est pas un doudou pour arrêter les pleurs de l'enfant. Sur le plan psychique c'est catastrophique. Si c'est accompagné par les parents ce n'est pas catastrophique mais ils ne doivent pas se désengager et utiliser le téléphone pour être tranquilles. Chez certains adolescents, il y a une déperdition de la masse musculaire de 20 % car ils sont devenus des « patates de sofa ». Et quand on va au restaurant en famille, c'est pour partager un moment et non pas pour rester sur son téléphone. Ce n'est pas à bannir complètement mais avant l'âge de trois ans, l'usage des écrans et fortement déconseillé.

Offrir une tablette à Noël, ce n'est pas un cadeau ?

Dans cet ouvrage on essaye de ne jamais culpabiliser les parents. S'ils achètent une tablette il faut être présent. C'est comme les petits chevaux, il faut jouer à plusieurs. Il faut tutorer l'enfant et ne pas l'isoler avec sa tablette. Les interactions avec les enfants jeunes passent par le regard. Si les parents sont fixés sur leur téléphone et ne communiquent pas, n'échangent pas avec le jeune bébé c'est dommage car la construction identitaire se fait par le regard. Quand on donne le biberon par exemple. Les parents vont rater un certain nombre de choses comme le dit Donald Winnicott.

Comment jugez-vous l'état psychique des 0-12 ans ?

La situation est compliquée. Avec le Covid on leur faire vivre plusieurs situations ambivalentes. La question centrale c'est aussi l'autorité des parents. Comment les parents encadrent leurs enfants ? Qu'est ce qui est autorisé ? Où est le père ? Où est la mère ? Il y a beaucoup de papas qui ne sont plus présents. Certains enfants ne se réclament que de leur mère qui est moins dans les questions d'autorité. Le père comme la mère doivent pouvoir s'appuyer sur quelqu'un. Les enfants souffrent d'un défaut d'autorité.

Sont-ils confrontés trop tôt au monde des adultes ?

Il n'y a pas suffisamment de séparations entre la vie des adultes et des enfants. Il n'est pas souhaitable de toujours faire participer les enfants à la vie des grands. Ils sont plus matures qu'il y a quelques années mais il y a des choses qu'ils peuvent ne pas connaître et ce n'est pas plus mal car ils pourront les découvrir plus tard. Comment mettre en place le désir de grandir ? Cela passe par le fait qu'ils ne participent pas à tout. Le danger c'est que tout se dit ou se fait en présence de l'enfant... Il faut stimuler le désir de la connaissance. Si on lui dit tout, il perd cette curiosité. Mais il faut les encourager à parler à table !

Faut-il croire encore au Père Noël ?

C'est important de croire au Père Noël. Il faut toujours penser que des choses optimistes peuvent arriver. Cela favorise la créativité, l'imaginaire de l'enfant et son imagination. Il peut rêver, fantasmer. Pour l'enfant c'est compliqué car il y a toujours des enfants bien attentionnés qui leur disent qu'il n'existe pas. Cela permet aux enfants de grandir mais il faut aussi leur dire que les petits ont besoin d'y croire encore. Il ne faut pas s'enfermer là-dedans, que cela devienne un mensonge. Il faut discuter avec l'enfant, lui expliquer en douceur avec des mots à lui. On n'est pas obligé de dire qu'il n'existe pas mais au moins lui dire pour les cadeaux. Chez l'enfant, il faut encourager cette notion de merveilleux.

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