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Patricia Delepine : "Réformer nos modes de fonctionnement"

09h28 - 24 avril 2020 - par Info Clermont Métropole
Patricia Delepine :
"Il faut arriver à relancer la machine", affirme Patricia Delepine (Photo : FFB 63). 

Elle a succédé à Georges Faure début mars à la tête de la Fédération française du bâtiment du Puy-de-Dôme. Un vrai baptême du feu pour celle qui a pris à bras-le-corps les problématiques engendrées par la crise sanitaire.

Pour votre prise de vos fonctions, vous avez été servie, comment vivez-vous cette période ?

(Avec le sourire...) Je n'ai pas eu le temps de me poser la question. Mais je le vis bien car à la FFB 63, nous sommes avant tout une équipe, avec le secrétaire général et le personnel. Nous nous organisons. On essaye d'être à l'écoute de nos adhérents, de la problématique des chantiers, de la maîtrise d'ouvrage, publique et privée, bref de toute la grande chaîne de la construction.

Quelles sont les remontées provenant du terrain et de vos adhérents ?

Il y a eu de grosses craintes au début. Tout le monde s'est mis à l'arrêt. L'objectif était de protéger notre personnel. C'est ce que j'avais dit à la préfecture lors de la première réunion. Nous avons décidé d'arrêter alors que nous avions de beaux carnets de commandes. Mais tout est en train de bouger. On se rend compte maintenant que la crise est quand même complexe. Nous avons besoin de travailler. Il faut arriver à relancer la machine. Mais il faut le faire le plus intelligemment et en toute sécurité. Ce n'est pas le plus simple. Déjà, nous avons une grosse problématique en matière d'équipements de protection individuelle. À la FFB 63, on s'est transformé en centrale d'achat, en essayant de s'approvisionner en local. Mais on a dû se débrouiller seul. Pour pouvoir retourner sur les chantiers, nous attendons d'avoir des masques.

La tendance chez les artisans et les entreprises, c'est de reprendre l'activité...

Bien sûr. Toutes ont recommencé à ouvrir quelques chantiers, principalement ceux où elles sont seules à intervenir. Ce qui est la prudence même. Il faut réformer complètement nos modes de fonctionnement. Mais l'activité et les plannings vont être rallongés. Le calendrier des chantiers ne sera pas le même.

Avez-vous des inquiétudes sur la survie de certaines entreprises ?

Je ne suis pas devin. La volonté des chefs d'entreprise, c'est de rester en vie. On veut faire perdurer nos sociétés, conserver nos personnels. Nous sommes des entreprises à taille humaine. Mais la problématique est financière. Si la période actuelle engendre un rallongement des délais et complexifie les méthodes de travail, tout cela va générer un surcoût pour les chantiers. Difficile de le quantifier aujourd'hui. A priori, les entreprises ne pourront pas rester sur les prix d'avant face aux nouvelles obligations liées au Covid-19. Au niveau national, on commence à évoquer des chiffres compris entre 10 et 20 % en termes de surcoût. Tout dépend de la typologie des chantiers.

Au-delà de la crise sanitaire, souhaitez-vous inscrire votre mandat dans la continuité de Georges Faure, votre prédécesseur ?

Bien sûr mais avec le contexte actuel, il sera différent (avec le sourire). J'ai accompagné Georges durant six ans. Nous avions une même philosophie et une même vision quant à la présidence de notre Fédération. Je pense que je vais me positionner dans la continuité. Après, je suis aussi différente. Si je mène cette mission, je le fais pour le bâtiment et les entreprises. En ce moment, ma société * est fermée. 90 % de mon temps est consacré à la Fédération. Je ne compte pas mes heures. Il faut que l'on se batte et que l'on soit présent pour faire entendre notre voix et nos problématiques. Je rappelle que le bâtiment représente deux millions de salariés en France.

(* Elle dirige avec son mari une entreprise de couvertures basée à Aigueperse).

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