Rémy Rioux, Directeur général de l'AFD : « Nous sommes du côté des autres et de l'action »

Le 9 avril au stade Marcel Michelin, l'Agence française de développement (AFD) a signé un partenariat inédit avec le fonds de dotation Play for Nature, fondé par l'ancien rugbyman de l'ASM, Julien Pierre. Entretien avec son directeur général.

Pouvez-vous nous rappeler la fonction de l'AFD ?

Créée en 1941, l'AFD est la banque de développement de la France à l'international et dans nos territoires d'Outre-mer. Nous sommes présents dans 160 pays, au service du développement durable et pour tisser des liens positifs entre nos partenaires et la France. Nous finançons environ 4 000 projets avec un investissement annuel de 13 milliards d'euros, dont près de la moitié en Afrique et dans de nombreux secteurs : infrastructures, secteurs sociaux, lutte contre le changement climatique, protection de la nature, etc. Notre modèle financier combine ressources publiques (environ 2 milliards d'euros) et ressources de marché (environ 10 milliards d'euros d'obligations). Nous sommes du côté des autres, en complément de notre diplomatie et de notre défense.

Quel était l'objet de votre venue à Clermont-Ferrand le 9 avril ?

Nous sommes venus avec plus de quarante directrices et directeurs du groupe AFD, pour un séminaire stratégique mais aussi pour inaugurer un nouveau bureau de l'AFD au sein du Pôle Clermontois de Développement International (PCDI). Cette visite a aussi été l'occasion de rencontrer de nombreux acteurs locaux du territoire engagés dans le développement durable. Je pense au groupe Michelin avec sa stratégie « tout durable » et avec qui nous travaillons pour renforcer des partenariats en Inde et en Côte d'Ivoire. Au stade de l'ASM, j'ai également signé un partenariat avec l'association Fair-Play for Planet, fondée par Julien Pierre, qui utilise le sport pour sensibiliser à la protection de l'environnement. Ce soutien de 20 000 € marque le début d'une collaboration visant à faire du sport un puissant vecteur de sensibilisation à la protection de la biodiversité. Nous sommes convaincus que le pouvoir du sport doit être mis au service du développement durable. Depuis 2018, nous avons considérablement augmenté nos financements et invitons tous nos partenaires à faire de même. À la demande du Président de la République et du Président du CIO, nous avons organisé à la veille de l'ouverture des Jeux Olympiques et Paralympiques un grand sommet avec plus de 50 chefs d'État et de gouvernements et le monde du sport réuni, autour d'un décathlon d'engagements concrets, ambitieux et mesurables.

L'AFD va s'implanter au PCDI (Pôle clermontois de développement international) ? Pourquoi ?

L'implantation de l'AFD au PCDI répond à une volonté de renforcer ce pôle qui est un lieu d'expertise unique sur les questions de développement international. Ce pôle, développé depuis plus de 40 ans, rassemble le CERDI, la FERDI, et le Global Development Network (GDN) avec l'Université Clermont Auvergne. Des milliers d'étudiants, notamment d'Afrique francophone, sont passés à Clermont et travaillent désormais dans les plus grandes organisations internationales. Au moment où la France a décidé de renouveler sa relation avec l'Afrique, Clermont est un lieu essentiel, protégé, amical et fondé sur la science. Pour l'AFD, c'est aussi un lieu pour capitaliser et diffuser les résultats observés dans les projets que nous accompagnons.

Quelles sont les différences entre AFD, PCDI, FERDI et CERDI ?

Comme je le disais, l'AFD est du côté de l'action, investissant dans les pays en développement et émergents. Mais pour le faire, nous avons besoin de la recherche, fondamentale et appliquée, telle que le PCDI en produit. Le CERDI, rattaché à l'UCA, mobilise plus de 80 doctorants. La FERDI est une fondation qui produit à la fois des activités de recherche et de la formation. Et le GDN est une institution internationale pour accompagner la recherche au Sud. L'AFD a aussi un campus de formation basé à Marseille, étroitement associé aux institutions clermontoises. Je salue d'ailleurs le formidable travail des professeurs Sylviane et Patrick Guillaumont, président de la FERDI (Fondation pour les études et recherches sur le développement international) depuis plus de 40 ans, qui ont créé ce pôle d'expertise exceptionnel. L'UCA fait partie du cercle des 17 « Universités d'excellence » françaises (label IDEX/I-Site).

Quelles sont vos initiatives sur les enjeux de solidarité internationale et de coopération régionale ?

Ici, avec la Région AURA, nous avons plusieurs initiatives concrètes, financés par notre Facilité de financement des collectivités territoriales (FICOL), outil de l'AFD lancé il y a dix ans. Il donne des moyens aux collectivités locales françaises pour s'engager dans la solidarité internationale. C'est une ressource précieuse pour les 67 collectivités que nous accompagnons pour créer des ponts avec d'autres collectivités du monde entier et en tirer des bénéfices réciproques, avec à la fois du partage d'expertise technique dans la gestion de problématiques locales et à la fois un partage culturel. Au total, nous avons investi 70 millions d'euros de subventions depuis 2014 dans ce dispositif.