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Philippe Page « Nous devons rester les enfants d’Alexandre Varenne »

08h57 - 23 octobre 2017 - par Info Clermont Métropole
Philippe Page « Nous devons rester les enfants d’Alexandre Varenne »
- © ACTU_ITW_PAGE_PHILIPPE

Depuis 2015, il assure la direction générale de la Fondation Varenne, qui perpétue l’œuvre et la pensée d’Alexandre Varenne. Cet enfant du Puy-de-Dôme, brillant avocat et journaliste, fondateur de La Montagne en 1919, fut aussi un homme politique de premier plan. Info – De quand date la Fondation Varenne et quelles sont ses spécificités ? Philippe Page – La fondation a été créée par Marguerite Varenne, la femme d’Alexandre Varenne, qui a souhaité préserver le journal La Montagne. Elle a été reconnue d’utilité publique en octobre 1988 et s’est donnée pour objectif de promouvoir la presse et la communication. La Fondation est l’actionnaire principal du groupe La Montagne Centre-France puisqu’elle détient 66% des parts dont 42% sont non cessibles. Cela assure l’indépendance du groupe, aussi bien d’un point de vue éditorial que financier. I. – Quelles sont les grandes missions de la Fondation ? P. P. – Elles sont au nombre de trois : l’appui au journalisme et aux journalistes, l’éducation aux médias, la diffusion de la connaissance. Pour la première, nous organisons les différents prix Varenne qui récompensent chaque année les meilleurs journalistes de la presse écrite. Il y a la presse quotidienne nationale (PQN), la presse quotidienne régionale (PQR) et départementale, la presse hebdomadaire régionale (PHR) et depuis cette année, la presse magazine. Mais ces prix concernent également les reporters-photographes, la radio et la télévision à travers le concours réservé aux JRI (journalistes reporters d’images). Dorénavant, deux concours sont ouverts à l’international, ceux des photographes et JRI. L’autre volet, c’est l’appui que l’on peut apporter aux écoles de journalisme à travers des aides financières destinées à acheter du matériel technique. Il y a également un volet social puisque nous attribuons des bourses aux étudiants en difficultés financières. La deuxième mission, qui pour moi est la plus importante, reste l’éducation aux médias. En collaboration avec les journalistes et le monde de l’éducation, elle vise à donner aux jeunes des grilles de lecture et le recul nécessaire à une compréhension responsable de l’information et de la communication. Par exemple, nous organisons des concours de journaux scolaires ou qui mettent en relation le monde de l’école et de l’entreprise. En septembre 2018, avec le groupe Milan Presse et la mission du centenaire (La Montagne va célébrer ses 100 ans en 2019), nous allons organiser une opération nationale qui va toucher près d’un million d’élèves de CM2. Le travail portera sur l’armistice et le traité de Versailles. Nous organiserons dans cinq ou six villes en France, dont Clermont, Paris et Toulouse, des opérations sur la thématique : « les enfants et la paix ». En ce qui concerne la troisème mission, la Fondation participe à la promotion, à la diffusion et à la valorisation de la connaissance par le soutien qu’elle apporte à la communication scientifique et académique. Cette mission, nous la réalisons à travers l’Institut universitaire Varenne (IUV), basé à Bayonne. Celui-ci met en œuvre toutes les actions destinées à pérenniser l’action d’Alexandre Varenne, notamment son combat permanent pour la tolérance, la démocratie, la justice sociale et les droits de l’homme. Nous remettons à ce titre douze prix de thèses. Cette année, nous avons plus de 500 candidats et les prix seront décernés le 13 décembre à Paris. L’IUV organise aussi des colloques et des tables rondes sur des thématiques comme la démocratie, la paix et la liberté de la presse. J’ajouterai enfin une quatrième mission, celle de la mémoire, à savoir perpétuer la mémoire du fondateur de La Montagne et des valeurs qu’il a défendues toute sa vie. Dans la perspective de la célébration du centenaire du journal, nous avons obtenu de la direction nationale de La Poste l’engagement qu’un timbre commémoratif sera réalisé à l’effigie d’Alexandre Varenne dans le premier semestre 2019. Il s’agira d’une grande première pour un groupe de presse. I. – 70 ans après sa mort, que reste-t-il de l’héritage d’Alexandre Varenne ? P. P. – Ce qu’il reste se traduit à travers cette fondation. Nous devons rester les enfants d’Alexandre Varenne. En avance sur son temps, visionnaire, avec un parcours engagé, il fut avocat et journaliste, proche collaborateur de Jean Jaurès à l’Humanité, d’Aristide Briand à La Lanterne. Il a embrassé une carrière politique, conseiller général et maire de Saint-Eloy-Les-Mines. Il fut aussi le premier député socialiste du Puy-de-Dôme, gouverneur général de l’Indochine, puis ministre en 1946. Nous continuons à véhiculer tout cela, notamment sa pensée humaniste.

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