Fashion fusion : stylées de mère en fille

07h41 - 02 septembre 2015 - par Info Clermont Métropole

Une même façon de poser son rouge à lèvres, un goût commun pour les imprimés ethniques et les textiles précieux, un rituel de démaquillage transmis à toutes les filles de la famille… C'est aussi dans ces petits détails que se cache la complicité entre une mère et sa fille. Attentives à toutes les tendances émergentes, les marques ont d'ailleurs bien repéré ce filon, qu'elles exploitent désormais dans leurs collections comme dans leur com… Jusqu'à l'excès ?

Miroir, mon beau miroir

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© Thinkstock[/caption] Tout faire comme maman… Tel est le rêve de bien des petites filles qui aspirent à ressembler comme deux gouttes d'eau à l'être merveilleux qui leur a donné le jour. Par jeu mais aussi par goût, chacune y va de son sens de l'observation pour intégrer, au fil des ans, les codes stylistiques et vestimentaires de leur modèle bien aimé. Pour les mamans coquettes, c'est un vrai plaisir de voir leur petit bout de fille marcher dans leurs pas de fashion divas. Nourris par cette complicité grandissante, les virées shopping se transforment en passionnantes chasses au trésor, les séances d'essayage deviennent un vrai terrain de jeu et l'effeuillage des magazines de mode un véritable rituel familial… En 2011, le lancement de Mum magazine, le premier féminin mère-fille, vient confirmer la complicité indéfectible de ce tandem fusionnel jusqu'au bout de la mode…

Shopping à quatre mains

Pour les marques de haute couture comme de prêt-à-porter, il était trop tentant de ne pas lorgner du côté de ce marché bicéphale aux perspectives de vente très prometteuses. Une mère et une fille, c'est deux fois plus de chances d'attraper de fidèles acheteuses dans ses filets dorés. Si la tendance a d'ailleurs connu un véritable boom commercial ces dernières années, elle n'est pourtant pas nouvelle et commence en 1898, dans les ateliers de Mme Jeanne Lanvin. Dans l'exposition que le Musée de la mode de la Ville de Paris consacre en ce moment à cette figure emblématique de la haute couture française, on apprend en effet que celle-ci se lança dans les vêtements pour femmes après avoir créé ses premières collections enfants par amour pour sa propre fille, Marguerite, dont elle fera d'ailleurs sa muse tout au long de sa prolifique carrière… Un siècle plus tard, la mode mère-fille a depuis fait du chemin et, du Comptoir des cotonniers à Kookaï, en passant par Etam et Molly Bracken, toutes sortes de déclinaisons stylistiques du « Telle mère, telle fille » ont vu le jour.

Fusion ou confusion ?

Mais à trop vouloir se rapprocher, ne finit-on pas par se perdre ? Dans son ouvrage La Relation mère-fille (Éditions Dangles, 2011, 12 euros), la psychologue Yvonne Poncet-Bonissol exprime des réserves : « Une mère est censée aider sa progéniture à se construire en dehors d'elle. Sans différenciation de style, surtout à l'adolescence, mères et filles effacent les frontières des générations et se placent dans un rapport de rivalité, de femme à femme. C'est caractéristique des mères qui ne veulent pas grandir et vieillir. Leur enfant représente un prolongement d'elle-même, une sorte de doudou rassurant. » S'habiller dans les mêmes boutiques ou s'amuser à porter des vêtements coordonnés avec ceux de sa fillette de 5 ans, c'est une chose, mais faire dressing commun avec son ado de 15 ans, c'en est une autre. Quoi qu'en disent les marques au discours excessivement jeuniste, on ne s'habille pas de la même façon à 15 ans qu'à 40. À l'adolescence, adopter son propre style et prendre ses distances avec celui de sa mère est une saine façon d'affirmer sa personnalité. Pour les mamans, il est alors important de respecter la nuance entre la transmission de certaines valeurs esthétiques et une fusion stylistique oppressante, qui étouffe non seulement les élans d'émancipation de leur fille mais aussi leur propre besoin de se sentir bien dans leurs baskets de quadra !