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Les " 31 000 " : femmes résistantes déportées au musée de la Résistance de Chamalières

10h25 - 28 octobre 2025 - par Info Clermont Métropole
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À leur retour de déportation, certaines survivantes consacreront leur vie à témoigner des atrocités vécues. - © GB

Jusqu'au 16 mai 2026, le musée de la Résistance, de l'Internement et de la Déportation de Chamalières propose une exposition remarquable sur le seul convoi de femmes résistantes parties de France, déportées au camp d'Auschwitz II. Sur 230, seules 49 reviendront des camps.

31 694, 31 695... Elles étaient gaullistes, communistes, résistantes et même collabos ou là par "erreur". On les appelait les 31 000 à cause de leur matricule tatoué sur leur avant-bras gauche à leur arrivée à Auschwitz-Birkenau, camp de concentration et d'extermination polonais dirigé par les Nazis pendant la 2e Guerre mondiale.

Jusqu'au 16 mai 2026, une exposition au musée de la Résistance, de l'Internement et de la Déportation de Chamalières retrace l'histoire du seul convoi de femmes résistantes parties de France, déportées au camp d'Auschwitz II.

L'histoire de ces femmes est celle du seul convoi de femmes, résistantes pour la plupart, victimes de la répression : elles sont 230, et seules 49 reviennent en 1945. À Auschwitz, elles deviennent les " 31 000 ".

Exception dans l'horreur

Le 24 janvier 1943 ces femmes quittaient Compiègne pour Auschwitz, à trois jours et trois nuits de train dans les wagons à bestiaux verrouillés. Beaucoup d'entre elles meurent dans les premières semaines. La romancière Charlotte Delbo retracera cette partie historique dans l'ouvrage "Le convoi du 24 janvier" paru aux éditions de Minuit.

À l'époque, les femmes résistantes partaient à Ravensbrück et pas à Auschwitz.

"Elles ne savent pas où elles vont expliquait Antoine Fourtin, assistant de conservation au musée. Et à leur retour elles ont essayé de comprendre pourquoi ce convoi est envoyé à Auschwitz et pas à Ravensbrück car les seuls Français déportés à Auschwitz le sont car ils sont Juifs ou Juives. Là il y a une exception avec un convoi d'hommes et un convoi de femmes."

Ce convoi est le premier et le dernier convoi de femmes résistantes à y être dirigé depuis la France. Qui sont ces femmes déportées ? Le convoi du 24 janvier 1943 est largement composé de membres du Parti Communiste Français dont des cadres importants. À leurs côtés, près d'un quart a été arrêté pour leur activité résistante dans d'autres groupes, des actes individuels ou l'aide apportée à des personnes recherchées ou persécutées. La part des motifs s'apparentant à du droit commun est infime.

Cette exposition, élaborée par l'association du musée de la Résistance nationale de Champigny, est enrichie d'objets, films et documents qui dressent le portrait et l'histoire de ces femmes résistantes.

"Nous avons voulu mettre en avant dans un premier temps de l'exposition ces 230 femmes qui ont fait partie de ce convoi avec un titre clair : parties 230, revenues 49 explique Christine Perraud responsable du musée de la Résistance, de l'Internement et de la Déportation. Il y a deux parties, la première pour expliquer l'histoire de ce convoi avec des témoignages vidéos de ces femmes survivantes sur leur expérience prêtés par l'association des convois des 31 000 et des 45 000 (pour les hommes). Il y a également des robes bleues, en provenance du camp de Ravensbrück, car certaines femmes ne sont pas mortes à Auschwitz mais là-bas. Il n'y a pas eu que des robes rayées dans les camps mais aussi des vêtements civils pour les reconnaître en cas d'évasion."

Dans un deuxième temps, on peut découvrir des objets ayant appartenu à ces femmes, prêtés par différents mémoriaux et associations. Ensuite, des panneaux autobiographiques rendent hommage à plusieurs femmes parties dans ce camp avec de jolis portraits dessinés par Antoine Silvestri. Comme Charlotte Delbo, romancière et résistante, Marie-Claude Vaillant-Couturier politique, écrivaine et résistante ou la Cantalienne Jeanne Alexandre, résistante au matricule 31779 morte en 1943, l'une des deux Auvergnates de ce convoi avec Franciska Goutayer, originaire de l'Allier.

Solidarité salvatrice

"Nous avons des détenues plus connues que d'autres précisait Antoine Fourtin, assistant de conservation. Mais on ne comprend toujours pas pourquoi elles ont été envoyées à Auschwitz alors que, normalement, les femmes résistantes étaient dirigées vers Ravensbrück en Allemagne. Les historiens ont émis des hypothèses, mais aucune réponse certaine. C'est le but de cette exposition : comprendre ce qui s'est passé à leur arrivée au camp et expliquer ce qu'est vraiment le système concentrationnaire. L'arrivée en gare et ce portail avec l'inscription Arbeit macht frei (Le travail rend libre en Allemand N.D.L.R.) , ces femmes ne le verront pas car elles iront dans le camp numéro 2 et non dans le 1."

Certaines vont rester à Auschwitz ou y mourir mais d'autres vont partir dans des commandos avec un autre parcours et certaines à Ravensbrück ou Mauthausen en Autriche. "C'est la solidarité et l'entre aide, contrairement à d'autres divisions de camps qui ont sauvé certaines explique Christine Perraud. Dans le système concentrationnaire, les Nazis jouent sur les divisions entre nationalités, religions et opinions, mais là, c'est différent : ces femmes restent groupées et solidaires jusqu'au bout, elles se connaissent et sont de la même nationalité. Cela les aide à passer Auschwitz et à arriver à Ravensbrück. Le bilan aurait pu être bien pire."

Durant cette exposition, on découvre des petites fiches de la résistante Germaine Tillion, elle-même déportée à Ravensbrück, où elle note l'adresse et l'identité de chacune des déportées qu'elle rencontre.

"Le but de notre musée c'est de monter les dernières découvertes en Histoire rappelle Antoine Fourtin. Remettre au goût du jour les informations que l'on a à l'esprit ou vus dans des documentaires et expliquer pourquoi les termes ont changé ou la vision du camp numéro 2 a changé, et présenter les derniers ouvrages en lien avec ces expositions et les historiens qui travaillent sur ces sujets."

À leur retour de déportation, certaines survivantes consacreront leur vie à témoigner des atrocités vécues.

Programme autour de l'exposition

Conférence (sur réservation). Le convoi des " 31 000 " : Femmes résistantes déportées

Mardi 18 novembre à 18 h 30. Conférence animée par Thomas Fontaine, docteur en Histoire, spécialiste de la déportation et de la répression en France sous l'Occupation.

Visites commentées (sur réservation) : mercredi 29 octobre à 18h. Lundi 10 novembre à 10h. Samedi 29 novembre à 10h. Jeudi 4 décembre à 10h. Samedi 13 décembre à 10h. Mardi 6 janvier à 18h. Vendredi 23 janvier à 10h.

Informations pratiques

Réservations. Par mail : musee.resistance@clermontmetropole.eu. Par téléphone : 04 43 76 23 34. Tarifs des visites commentées. Plein tarif : 6 € - Tarif réduit : 4 € (entrée au musée incluse).

Musée de la Résistance, de l'Internement et de la Déportation. 7 place Beaulieu à Chamalières. Du mardi au samedi de 14h à 18h. Les lundis et les matinées sont réservés aux groupes et aux scolaires. Fermé les dimanches et jours fériés.

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