"On programme des voyages sur la Lune mais on n'est pas foutu d'envoyer un train à Paris"

Alors que le SERM Clermont-Auvergne (Service express régional métropolitain) est sur de bons rails, la Région, la Ville comme les acteurs économiques de notre territoire poussent (à nouveau) un coup de gueule sur les retards du Clermont-Paris et leur impact pour les usagers et l'économie.
Le 9 février 2024, Laurent Wauquiez était présent sur le parvis de la gare SNCF de Clermont-Ferrand aux côtés des Républicains Brice Hortefeux, conseiller régional, de Frédéric Aguilera le maire de Vichy et Vice-président de la Région délégué aux transports et de Frédéric Bonnichon président de RLV et conseiller régional pour exprimer son ras-le-bol devant les "déconvenues" subies par les usagers des trains Clermont-Paris.
"Nous sommes là pour marquer notre colère face à une ligne qui est devenue aujourd'hui la ligne de la honte déclarait le président de Région de l'époque. Une ligne sur laquelle les Auvergnats sont mal traités, sur laquelle les retards sont chroniques et qui deviennent apocalyptiques. Est-ce qu'il y a un autre endroit en France où l'on accepte d'avoir 10 heures de retard avec des gens secourus par la Croix-Rouge ? Cela suffit !"
Un an après, rien n'a changé, tout a continué... Avec près de 12 heures de retard pour le train Clermont-Ferrand/Paris, l'Intercités 5978, parti à 16 h 31 de Clermont le jeudi 2 janvier. C'est l'un des retards les plus importants depuis un an. La locomotive du Clermont/Paris est tombée en panne vers 19 heures et n'a pas redémarré. La locomotive de réserve basée à Nevers est intervenue mais sans succès...
Laurent Wauquiez avait demandé que des locomotives soient mises en réserve et réparties sur toute la ligne et pour les trains à risques, comme les Paris-Clermont du soir, que 2 locomotives soient prévues pour des remplacements d'urgence.
Philippe Tabarot est demandé
"J'ai demandé au préfet du Puy-de-Dôme qu'on fasse venir le ministre des Transports, Philippe Tabarot, rapidement a déclaré le maire Olivier Bianchi lors de ses vœux à la presse. Par ailleurs, je discute beaucoup avec les associations d'usagers. On réfléchit à monter le ton parce qu'on se moque de nous ! La seule solution à court terme, c'est l'arrivée des trains Oxygen, mais ça a du retard. Et les locomotives actuelles ne marchent pas."
Les galères continuent pour les Usagers. Les trains ont souvent du retard, quand ce n'est pas tout simplement leur réservation qui est annulée la veille via un mail, faute de voitures suffisantes...
Prendre le Clermont-Paris, c'est jouer à l'euro-millions pour reprendre la formule d'un homme politique...
3 semaines, 5 jours, 5 heures, 13 minutes... C'est le retard cumulé par le Clermont-Paris en 2024 que l'on pouvait lire sur un panneau affiché lors des vœux de la Région.
"Je ne peux pas parler du SERM sans parler du Clermont-Paris déclarait Fabrice Pannekoucke, le nouveau Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes le 23 janvier à l'Hôtel de région clermontois. J'ai fait un constat accablant... le lire dans la presse et y être confronté au contact des usagers, ce n'est pas la même chose. C'est mesurer le mépris total dont il faut constater la réalité sur des tels retards inacceptables. Nous avons pris notre part dans cette affaire en engageant dès le mois de décembre un financement de la Région pour être en anticipation de ce qui appartient aussi de la compétence mais pour propulser la manière avec laquelle cette ligne doit monter en gamme en termes de qualité d'usage, de ponctualité mais aussi de gain de temps. Car ce gain fait que l'on pourra avoir une vision globale à un moment donné de la manière avec laquelle on voyage depuis Clermont vers Paris. Du coup on intègre des dynamiques très fortes."
Florent Menegaux hausse le ton
Interrogé par le sénateur LR du Puy-de-Dôme Jean-Marc Boyer, sur les enjeux du désenclavement, Florent Menegaux, président du groupe Michelin, s'est récemment exprimé lors d'une audition au Sénat, à propos du désenclavement de l'Auvergne.
"Clermont-Ferrand, c'est le tiers-monde en matière de transport ferroviaire. En ce moment, j'hésite à envoyer des personnes par le train parce que je ne sais pas si elles vont arriver en temps et en heure. On a connu des choses incroyables sur cette ligne. Des heures de retard, sans chauffage, ce n'est pas digne."
Le président de Michelin a aussi insisté sur l'intérêt d'une ligne aérienne Clermont-Paris renforcée pour son entreprise. "Michelin envoie au moins une centaine de personnes par semaine dans le monde entier à partir de Clermont-Ferrand. Il faut bien que l'on rejoigne un hub aéroportuaire pour partir dans le monde entier, donc la ligne aérienne de Clermont-Ferrand est absolument indispensable." Pour le moment seul Roissy est desservi par Aulnat alors que la ligne 14 du métro parisien a été prolongée sur Orly et permet de rentrer dans le centre de la capitale en quelques dizaines de minutes (dont Bercy)...
"Cette question est indispensable avec de très grandes entreprises et un tissu industriel très développé qui a des relations avec Paris et le reste du monde poursuivait Fabrice Pannekoucke, le Président de la Région AURA. Nous devons à ce monde économique d'être connecté dans ces mobilités. Cette connexion de Clermont vers Paris est indispensable en 2025. On programme des voyages sur la Lune mais on n'est pas foutu d'envoyer un train à Paris. C'est absurde et un travail est en cours. Avec pour notre part, l'électrification de la ligne et sa protection. Il faut une convergence des énergies pour que très vite nous soyons en capacité de parler de SERM de manière opérationnelle mais aussi de constater que nous pouvons aller à Paris dans de meilleures conditions."
Attractivité menacée
"C'est un frein au développement et à l'attractivité de Michelin d'avoir une aussi mauvaise desserte aérienne et ferroviaire poursuivait le président de Michelin. On a un énorme projet de redéploiement d'une usine à Cataroux, pour développer les matériaux du futur. Ce sera un pôle qui n'existe pas à l'échelle mondiale. On a besoin de faire venir des experts mondiaux et ça va devenir un gros problème si la desserte ne s'améliore pas rapidement."
Même si l'État confirme que les retards importants ont diminué de 50 % entre 2023 et 2024, ce n'est pas "satisfaisant." Loin de là.
De son côté, l'association des Usagers du train Clermont-Paris a reçu une réponse des services du Premier ministre François Bayrou ainsi que du cabinet d'Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique.
Cela après une réponse du cabinet du Premier ministre Michel Barnier, à l'époque.
"Nous attendons donc dorénavant des nouvelles du ministre des Transports" explique l'association. À l'occasion des vœux de la Région AURA le 23 janvier, Laurent Wauquiez a annoncé la venue de Philippe Tabarot à Clermont-Ferrand en février.


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