Elisabeth Crozet « Toute la société va devoir s’adapter au vieillissement de la population »

[caption id="attachment_216754" align="aligncenter" width="640"] « Privilégier la prévention et travailler de manière transversale » sont aujourd’hui les pistes défendues par les élus, à l’image d’Elisabeth Crozet (© Jodie Way)[/caption]
La vice-présidente du Conseil départemental du Puy-de-Dôme, chargée du handicap et des personnes âgées, évoque les enjeux liés au vieillissement de la population à l’heure où la collectivité dirigée par Jean-Yves Gouttebel a approuvé son nouveau schéma gérontologique.
Info - Pourquoi le Conseil départemental organise-t-il un colloque le 21 juin à Saint-Amant-Tallende sur les enjeux du vieillissement ?
E. C. – Nous avions déjà organisé un colloque l’an dernier sur les problématiques sociales des territoires et sur l’ensemble des politiques du Département. L’objectif cette année consiste à mettre un focus sur le vieillissement de la population. Il s’agit d’un enjeu crucial pour la société. Nous allons connaître dans les prochaines années une augmentation très importante du nombre de personnes âgées dépendantes. Il est donc essentiel que l’on se questionne sur la manière d’assurer cette prise en charge mais aussi sur les réponses que l’on peut apporter de façon complètement transversale. Nous ne pouvons plus rester aujourd’hui sur le même schéma à savoir apporter simplement une réponse sanitaire et sociale. Au contraire, toute la société va devoir s’adapter à ce vieillissement. C’est le but de la loi du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement (ASV) et c’est aussi celui de notre nouveau schéma gérontologique qui court sur la période 2017-2021. L’objectif va donc être de mettre en avant la prévention, en se rapprochant par exemple du sport et de la culture, mais également de savoir comment il est possible d’aménager l’habitat et d’appréhender le parcours de la personne âgée. Il faut réfléchir aussi à d’autres formes d’habitat, individuel et collectif, des résidences intermédiaires qui se placent entre le domicile et l’EHPAD. Mais une chose est sûre, c’est que les personnes âgées souhaitent souvent rester à la maison le plus longtemps possible. Il faut donc innover.
I. - Quels seront les thèmes débattus ?
E. C. – Le colloque permettra d’échanger sur les préconisations du nouveau schéma gérontologique, d’envisager comment nous pouvons prendre en compte la problématique du vieillissement et puis aussi de faire évoluer les mentalités. C’est pourquoi, des élus, des professionnels du secteur social, de l’habitat, des universitaires, des gériatres viendront exposer leur vision des choses. Il faut savoir que chacun d’entre nous aura demain dans sa famille une ou deux personnes dépendantes à sa charge. Cela concerne donc tout le monde. L’objectif est bien de retarder le plus possible la perte d’autonomie tout en l’accompagnant le mieux possible. Grâce à la prévention, nous savons faire cela.
I. – Quelles avancées peut-on déjà noter ?
E. C. – La loi ASV a mis en place ce que l’on appelle la conférence des financeurs. Celle-ci réunit tous les organismes autour d’une table à savoir le Département, l’Agence régionale de santé, l’Agence nationale de l’habitat, les caisses de retraites, les centres d’action sociale, etc. La conférence permet de valoriser des actions déjà existantes comme les avancées apportées par les nouvelles technologies et la domotique mais aussi de valoriser des initiatives toutes simples à l’image de ce qui est fait dans la lutte contre l’isolement des personnes âgées. Ça peut-être par exemple un service de bus qui va chercher les gens pour effectuer une randonnée ; on est là dans le sport adapté.
I. - Le Département vient de voter un nouveau schéma gérontologique, quels en sont les grandes préconisations ?
E. C. – Il traduit l’ambition du Département de considérer la politique gérontologique comme un facteur de développement. Ce schéma s’articule autour de quatre axes : premièrement, il concerne la prévention de la perte d’autonomie. C’est vraiment le cœur du sujet. Deuxièmement, il s’intéresse à l’accompagnement au domicile et à l’amélioration du parcours résidentiel. Ensuite, il envisage l’adaptation et la territorialisation de l’offre médico-sociale. Il faut que l’on fasse attention à ne pas proposer trop de places en EHPAD dans des secteurs géographiques du Puy-de-Dôme qui n’en auront pas besoin dans l’avenir. Selon les projections effectuées, les besoins importants se trouveront plutôt dans les agglomérations et les efforts devront donc se concentrer sur ces territoires-là. Enfin, le schéma envisage de rendre l’accessibilité du territoire à la personne âgée et d’assurer la promotion des solidarités de proximité. Aujourd’hui, secteur public et secteur privé doivent travailler ensemble même si la collectivité départementale reste le chef de fil de l’action sociale.
I. - Quel budget accorde chaque année le Conseil départemental à la politique de solidarité en faveur des personnes âgées ?
E. C. – Il est de 86 millions d’euros sur un budget global de 310 millions d’euros consacrés aux dépenses sociales et à l’insertion.
I. – Le nouveau schéma évoque aussi la notion de solidarité au sens large ?
E. C. – Effectivement. Il aborde notamment la solidarité familiale mais aussi des opérations spécifiques comme « Monalisa ». Il s’agit d’une démarche citoyenne lancée par Jean-François Serres après la canicule. Elle vise à briser l’isolement des personnes âgées à travers des visites effectuées à leur domicile par des personnes bénévoles.
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