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Edito de Marc François du 19/09/2016

09h12 - 19 septembre 2016 - par Info Clermont Métropole

Existe-t-il de meilleures morts que d’autres ? Sans-doute si l’on admet l’idée qu’il y en a de pires…

Aux yeux de la société, il est des morts plus ou moins acceptables. Celle d’un enfant, par exemple, constituerait le summum de l’intolérable quand celle d’une personne âgée rentrerait dans une forme de logique inexorable. Idée concevable si l’on raisonne en terme mathématique et d’espérance de vie et plus discutable si l’on admet qu’un être vivant en vaut un autre…

Derrière les murs

Au rang des décès inacceptés figure l’accident de la circulation. Un phénomène divisé par huit en quelques décennies mais que les médias s’ingénient envers et contre tout à promouvoir. Une bénédiction pour les pouvoirs publics qui peuvent agir à bon compte et revendiquer des résultats sans forcément se poser les bonnes questions, ni apporter les réponses judicieuses. Dans le même temps, près de 20.000 accidents mortels domestiques se produisent dans la plus totale confidentialité. Chutes, noyades, intoxications, électrocutions, incendies, émanations de gaz prolifèrent dans une quasi- indifférence. On estime que 7000 personnes tous les ans décèderaient parce que l’écriture des médecins est illisible sur les ordonnances. « Mourez bonnes gens mais ayez l’obligeance de le faire discrètement… » Et puis, il y a les « mouroirs » : les hôpitaux où les vies s’éteignent à petit feu, les maisons de retraite où l’oubli étrangle peu à peu les existences. Rien qui ne tracasse vraiment la société contemporaine, obnubilée par le bruit et la lumière et donc peu concernée par tout ce qui se déroule à l’ombre ou se trame derrière les murs. Pendant que l’on pleure des soldats, morts dans l’exercice de leur fonction, ou que l’on verse des rançons aux kidnappeurs, quitte à nourrir les organisations criminelles, on se soucie assez peu des malades et des anciens qui partent en silence. La mort, en réalité, n’a ni prix, ni valeur, elle est simplement inéluctable et universelle. Heidegger écrivait justement : « Dès qu’un être naît, il est assez vieux pour mourir. »

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