Jean-Baptiste Artaud : "porter ce combat contre l'insécurité routière"
Jean-Baptiste Artaud, correspondant pour la Ligue contre la violence routière dans le département, veut faire évoluer les comportements grâce à des actions communes avec d'autres acteurs de la sécurité routière.
Comment êtes-vous devenu correspondant de la Ligue contre la violence routière dans le Puy-de-Dôme ?
J'ai toujours été sensible à cette problématique. J'ai toujours fait attention, j'ai fait 18 ans de moto. Je n'étais pas un saint mais on a tous connu des drames dans notre entourage. On est relié à la Fédération nationale et le but dans un premier temps c'est de gagner en visibilité et de réussir à réunir autour de cet enjeu et d'avoir assez d'adhérents motivés pour se fédérer en association. Et d'entamer des actions et utiliser tous les moyens légaux pour lutter contre l'insécurité routière : interpellation des élus, actions avec des associations de victimes, les pompiers, Vélo-Cité 63... Et se présenter pour avoir une représentation dans les instances comme le comité départemental de sécurité routière. Le but c'est de porter cette voix et ce combat.
La LCVR arrive dans le Puy-de-Dôme. Cela révèle quoi ?
Que l'actualité est assez dramatique avec 11 morts depuis le début de l'année. Les chiffres de 2023 sont catastrophiques et les premiers mois de 2024 aussi. Mais on le déplore car le retour aux 90 km/h, il ne fallait pas le faire. Cela augmente le nombre de morts et de blessés graves. Cela se vérifie même si on n'a pas l'analyse fine de chaque accident. Ce n'est pas notre rôle. Il faut objectiver tout ça pour faire les bons diagnostics et asseoir nos démonstrations. Ce qui m'a motivé à être correspondant c'est quand je suis venu à me déplacer à pied à Clermont, et en poussette. Je me suis rendu compte de la faiblesse des infrastructures et des réponses des autorités par rapport à la vulnérabilité des plus faibles. Les personnes en fauteuil roulant, les cyclistes... Le but c'est de faire bouger les choses, pas d'emmerder les gens mais que tout le monde puisse se déplacer en sécurité.
Comment changer ces comportements ?
Comment on se déplace, comment se comporte vis-à-vis des autres ? C'est aussi une façon de vivre en société. Cela dépasse la sécurité routière. Il y a des comportements qui ne sont pas assez sanctionnés comme le téléphone au volant. C'est quatre fois plus de risque d'avoir un accident. Faire un SMS c'est 25 fois plus ! À Clermont, on va avoir plus de risque de payer une amende car vous n'avez pas payé le stationnement que parce que vous avez roulé à 70 km/h en ville. Il est là le combat. Le but c'est de voir aussi si par rapport à 10 ou 20 ans il y a plus ou moins de contrôles. Le fait de s'acheter un détecteur de radar cela ne permet-il pas d'avoir des comportements complètement délirants ? Il n'y a pas assez de contrôle sanction. Le Code de la route est fait pour se déplacer en société, en sécurité. Que notre liberté individuelle ne prime pas sur la vie collective. À Clermont, des travaux sont faits pour repartager l'espace et au-delà de l'infrastructure, il faut adapter les comportements. L'infrastructure c'est bien mais si derrière on ne fait pas respecter ce pour quoi elle a été faite comme les pistes cyclables cela ne sert à rien et cela apporte encore plus de danger.
Y a-t-il un souci de formation et de prévention routière ?
La première cause de décès c'est la vitesse et ensuite c'est l'alcool. Il y a plus de femmes qui loupent l'examen du permis de conduire car on l'aborde plus comme une capacité à piloter qu'une capacité à réfléchir et à interagir par rapport aux autres. Les hommes ont un meilleur taux de réussite au permis de conduire alors que ce sont eux qui tuent et se tuent le plus sur la route. 90 % des personnes condamnées pour alcoolémie au volant, 82 % des responsables d'accidents meurtriers et 75 % des morts sur la route sont des hommes. « Femme au volant, mort au tournant » c'est faux ! C'est tout l'inverse. Par rapport à la prise de risque, à la valorisation sociale de la vitesse, des grosses voitures, au statut que cela apporte... Il y a un rapport à la règle dans notre pays qui est différent par rapport à d'autres pays. Si on fait une erreur on peut tuer des gens. Les erreurs arrivent mais le but c'est que les conséquences soient moins graves en respectant les limitations. Je suis contre le fait que le permis de conduire soit quelque chose qui n'est jamais remis en cause par rapport aux capacités à conduire. Il faut le rendre plus important, moins banal car conduire ce n'est pas anodin.
Mail : lcvr63@gmail.com et www.violenceroutiere.fr
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