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A Cournon, les Restos du coeur ont une nouvelle cuisine pour rebondir dans la vie active

06h46 - 06 février 2024 - par Guillaume Bonnaure
A Cournon, les Restos du coeur ont une nouvelle cuisine pour rebondir dans la vie active
Autour de Philippe, le chef, on s'active en cuisine.

Le 23 janvier, les Restos du coeur ont inauguré leur nouvelle cuisine. Cet atelier chantier d'insertion qui a fait peau neuve accueille quotidiennement une dizaine de salariés en CDDI (Contrat à Durée déterminée d'Insertion).

C'est beau, c'est bon et c'est utile. Dans la nouvelle cuisine des Restos du cœur, il y a des sourires car on travaille avec le sentiment de reprendre pied dans la vie active. Un monde qui s'est éloigné pour certains avec les aléas de la vie...

Friteuse, frigos, plaques de cuisson, four... la cuisine est éclatante et peut désormais produire davantage et disposer d'espaces de travail adaptés. Pour être conforme à la réglementation et répondre aux obligations de sécurité et d'hygiène, c'était essentiel d'investir 67 000 euros.

Le diagnostic établi par le VALTOM et Terana a permis de réaliser les travaux nécessaires à la réhabilitation de la cuisine : dans un premier temps, le sol (carrelage anti dérapant) et les murs (faïence) puis dans un second temps, l'installation et la mise en service des matériels neufs. Ces travaux ont pu se faire grâce à un mécène, au Valtom et à Terana.

Espaces adaptés

« Le groupe Terana nous a aidés à regarder ce projet global pour l'aménager au mieux explique Bruno Riche le président des Restos 63. On peut désormais produire davantage et disposer d'espaces de travail adaptés. Ils nous ont aussi aidé dans le cadre de l'apport énergétique que nous distribuons le soir aux gens de la rue. Ils sont censés n'avoir qu'un seul repas donc il faut ajuster la quantité calorifique que nous pouvons leur donner pour avoir le maximum sur un seul repas. »

Autour de Philippe, le chef cuisinier (rien à voir avec Etchebest), plusieurs salariés en CDDI (Contrat à Durée déterminée d'Insertion) s'activent pour terminer le déjeuner du midi. Ces personnes, parfois des réfugiés politiques sous protection internationale, sont intégrées à ces chantiers d'insertion pour rebondir plus tard en CDD ou en CDI.

« Ces bénéficiaires étaient éloignés du monde du travail rappelle Bruno Riche le président départemental des Restos. L'objectif des Restos c'est de travailler de la rue au logement. On a trouvé aussi une personne en insertion mais pas à la cuisine mais à la menuiserie qui était dans la rue. On lui a trouvé ce dispositif puis un logement et aujourd'hui il nous a quittés pour vivre sa vie. On leur apprend le français. Avec Pôle emploi et l'administration, on fait une liste. Il faut l'envie aussi de venir se déplacer et en fonction de leur potentiel on les choisit. Ils sont rémunérés sur la base de 26 heures. On touche des prestations de l'État, de la région et du Département pour les rémunérer. »

Cuisine du soleil

Ces personnes préparent une vingtaine de repas pour le déjeuner des Restos du lundi au jeudi et assurent la production de 400 repas pour les Gens de la Rue avec le bus du cœur.

« Le but n'est pas de devenir cuisinier mais de renouer avec le monde du travail, retrouver des méthodes, des horaires, l'hygiène de la cuisine, les procédures... rappelle Philippe. Nous devons leur apprendre la cuisine traditionnelle française aussi où il y a souvent du beurre et parfois du vin. Mais j'ai une équipe motivée et solidaire. Ce que j'aime c'est transmettre. »

Insertion et reconversion, cela parle à Philippe. Pendant 15 ans il a été « trader », et immergé à fond dans le monde de la finance. C'est un autre monde pour lui mais il y goûte avec passion.

« Plats marocains, turcs, angolais, afghan... j'apprends aussi beaucoup explique-t-il. J'ai toujours aimé cuisiner mais là on leur laisse la liberté dans les recettes, traditionnelles ou mondiales. »

Ce mardi midi, à l'occasion de cette inauguration, certaines cuisinières avaient réalisé un plat de chez-elle comme la pastilla (aux fruits de mer) ou gâteaux du Maroc, le baklava turc mais aussi vérines, petits sandwichs, financier et choux à la crème pour le dessert. Un régal !

Les produits viennent des maraîchages d'insertion de Cébazat, des dons de Métro et des achats. Ou surplus de la banque alimentaire. Avec le Valtom, les Restos tendent aussi vers le zéro déchet avec un composteur.

Il faut aussi songer à l'apport calorifique pour les personnes qui ne mangent qu'une fois par jour, à la maraude ou au bus des Restos du cœur, le soir.

Et les retours sur cette insertion voulue sont-ils bons en cuisine ? « Cela marche, nous avons des résultats encourageants puisque par rapport à l'insertion nous sommes à plus de 50 % de sortie positive. C'est-à-dire un emploi, un CDD, un stage de formation, un vrai pied ans l'entreprise. Les résultats sont encourageants au vu des gens que l'on accueille et que l'on remet dans la société. »

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