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Les Restos du Coeur doivent dire « non »

06h21 - 28 novembre 2023 - par Info Clermont Métropole
Les Restos du Coeur doivent dire « non »
Bruno Riche, le président des Restos dans le Puy-de-Dôme, à droite, le 21 novembre.

Alors que la 39e campagne des Restos du Coeur a été lancée le 21 novembre au centre de Croix-Neyrat, les bénévoles doivent refuser des personnes à cause de la hausse de la précarité (+30 %) et de l'inflation. Un choix douloureux.

Plus de deux millions de repas... Dans le Puy-de-Dôme, 2,1 millions de repas ont été distribués en 2023 par les Restos du Cœur qui ont lancé leur 39e campagne le 21 novembre rue du Torpilleur Sirocco.

Aux côtés du Préfet Mathurin et d'Olivier Bianchi le maire de la Ville, Bruno Riche, le président départemental des Restos a dû livrer un terrible constat : la Campagne d'été s'est achevée avec une augmentation de 30 % de personnes accueillies.

La précarité a pris de l'ampleur dans la population sous le coup de l'inflation, de l'augmentation des coûts des énergies et des conséquences inhérentes.

Au niveau national, sur l'exercice 2022-2023, les Restos du Cœur ont accueilli 1,3 million de personnes et distribué gratuitement 171 millions de repas, grâce à l'action de 73 000 bénévoles réguliers et 25 000 bénévoles occasionnels. C'est 200 000 personnes et près de 30 millions de repas de plus par rapport à l'année précédente. Il s'agit de la hausse la plus massive et la plus brutale de l'histoire de l'association. Le budget achats de marchandises a doublé en trois ans pour monter à 107 millions d'euros par an.

Cette augmentation en volume concerne toutes les catégories de publics.

Près de la moitié des personnes accueillies a moins de 25 ans, 39 % sont mineurs, et les lieux d'accueil des Restos ont enregistré en quelques mois une hausse de 15 % des enfants de 0 à 3 ans, pour atteindre 126 000 bébés.

L'étude Profils réalisée par L'Observatoire des Restos souligne que 60 % des personnes accueillies vivent avec moins de la moitié du seuil de pauvreté (soit 551 euros), et que 38 % d'entre elles n'ont plus un euro disponible une fois payés le loyer et les charges locatives.

9 950 familles dans le 63

L'aide alimentaire est le point d'entrée des plus précaires aux Restos. La moitié d'entre eux se fournissent aux Restos pour les trois quarts des produits qu'ils consomment, et 16 % se nourrissent même exclusivement grâce aux Restos. Pour rappel, les Restos représentent environ 35 % de l'aide alimentaire en France.

Dans le Puy-de-Dôme, 9 950 familles ont été « servies » dans les 20 centres d'activités et le Bus du cœur par les 840 bénévoles. 38 800 repas chauds et froids ont été servis dans la rue (+24 %) sur 2,1 millions de repas au total (+30 %). Ce qui représente 1 138,5 tonnes de denrées alimentaires.

« L'augmentation de 30 % de personnes accueillies dans nos centres, celle des charges de fonctionnement, le prix des aliments... En conséquence, nous ne sommes plus en mesure d'acheter les quantités de produits alimentaires à hauteur des besoins, d'où l'entrée en vigueur de mesures restrictives impactant les bénéficiaires des Restos du Cœur » regrettait Bruno Riche.

Mais elle est aussi un point d'accès à un soutien global grâce à un panel d'activités d'aides à la personne, comme l'accès aux droits sociaux, l'accompagnement scolaire, le soutien à la recherche d'emploi ou l'insertion professionnelle. « Plus de la moitié des personnes qui sortent de nos chantiers d'insertion accèdent à un emploi ou à une formation » rappelait Bruno Riche.

Si le Bus du Cœur fonctionne au ralenti à cause de sa vétusté, les Restos du Cœur du Puy-de-Dôme ont trouvé un local central leur permettant d'agir dans de meilleures conditions (lire l'entretien en page 5).

« Notre prospection pour trouver un local a abouti explique Bruno Riche. Nous devons finaliser au plus vite ce projet avec l'appui des institutionnels et les associations concernées. »

Recherche bénévoles

Pour assurer un bon fonctionnement, ce sont 500 bénévoles supplémentaires qui sont nécessaires au niveau local pour accueillir, conformément aux volontés des Restos, les bénéficiaires en raison de l'augmentation des 30 % de personnes accueillies.

Les Restos souhaitent également un signal fort pour encourager la générosité et l'engagement. Ils demandent la pérennisation du plafond à 1 000 euros de la loi Coluche (Elle crée une déduction fiscale supplémentaire pour certaines associations, caritatives et humanitaires dites « organismes d'aide aux personnes en difficulté »), qui a largement démontré son efficacité, ainsi que la mise en place d'un crédit d'impôts pour les abandons de frais des bénévoles, eux aussi touchés par l'inflation.

Pour aider les Restos du Cœur, vous pouvez faire un don, continuer à apporter des jouets comme sur le marché de noël fin novembre ou des denrées, devenir bénévole, aller voir les Enfoirés en concert ou acheter leur CD-DVD. Le spectacle « Sam en Foire » joué à la salle Dumoulin à Riom en novembre a par exemple permis de récolter 14 000 euros.

En attendant la collecte nationale qui aura lieu les 1, 2 et 3 mars 2024, les Restos du Cœur comptent sur vous.

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