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Alice Modolo : "important de mettre du sens dans mes plongées"

06h34 - 10 janvier 2023 - par Info Clermont Métropole
Alice Modolo :
Alice Modolo, des sommets auvergnats à l'ivresse des profondeurs.

L'apnéiste clermontoise est la première française à franchir la barre mythique des 100 mètres en monopalme poids constant. Elle a laissé sa carrière de Chirurgien-dentiste pour vivre sa passion à 100%.

Comment est venue cette passion pour l'apnée ?

À 13 ans, j'ai passé mon niveau 1 de plongée bouteille. J'avais le mal de mer et c'était épuisant lors des sorties pour valider mon niveau 1. C'était un univers à apprivoiser et quelque-chose m'avait captivé. Il fallait avoir 16 ans pour valider le niveau 2 donc j'ai abandonné. Pendant mon adolescence je n'ai pas fait d'autres activités sportives, je ne comprenais pas ce que le sport pouvait m'apporter. La Coupe du monde 98 m'a donné envie de faire du sport. À 14-15 ans, cela a évolué puis pendant mon année de médecine j'avais un camarade brillant qui faisait beaucoup de sport alors que l'on avait un travail colossal. J'ai compris que cela lui apportait énormément pour être dans l'intensité intellectuelle. Je me suis mise à courir, à nager, à danser... Puis je suis revenue à la plongée pour passer mon niveau 2 à la piscine de Coubertin. Sur le même créneau horaire, à la ligne d'eau d'à côté, il y avait des apnéistes. Je passais mon temps à les regarder. J'étais harnachée dans 1,50 m d'eau, accroupis avec mes bouteilles sur le dos... Eux étaient complètement libres avec leurs palmes. J'ai dit : « je veux faire ça » ! L'année suivante je suis passé de l'autre côté et je me suis fait repérer par le président du club. L'aventure commençait.

Rien ne vous prédestinait au monde de l'apnée...

L'eau n'était pas mon élément comme la plupart des apnéistes. J'ai dû apprendre ce que c'était d'être une athlète. La performance, la discipline, je la connaissais à travers mon métier de médecin mais de là à la retranscrire dans du sport... J'ai commencé à faire des compétitions, j'étais forte assez naturellement donc cela m'intriguait beaucoup. Cela mettait en relief ce qu'était le mental comme je n'avais pas le physique. Tout apnéiste vous dira que c'est une discipline mentale et je l'ai pris littéralement. Cela a été toute ma quête ! J'ai su également me faire accompagner par un préparateur mental.

Et depuis vous faites partie des meilleures...

En 2021, je signe mon premier record du monde bi-palmes et je suis la 1re Française à passer la barre des 100 mètres en monopalme (la 8e au monde). J'ai confirmé cette performance en 2022 avec un record du monde à 96 mètres en bi-palmes. J'ai fait 101 mètres en monopalme puis il y a eu le Covid. Mais je suis monté sur la 3e marche aux mondiaux aux côtés de deux femmes qui dominent la discipline depuis dix ans, qui pourraient être sur le podium des hommes (Alenka Artnik a fait 122 mètres chez les femmes et Arnaud Jerald 123 mètres chez les hommes en monopalme). C'est génial car je me mesure à des athlètes qui sont dans le haut niveau depuis tout petit. Les femmes challengent les hommes et je suis dans le Top 10. C'est dingue. Miser sur le mental a payé. Cet été, il y a les championnats de France à Villefranche-sur-Mer, puis les Mondiaux en octobre. Mon rôle c'est aussi de donner envie aux femmes d'oser, à celles qui vont s'aventurer dans un milieu masculin de trouver leurs propres voies de progression, d'utiliser d'autres compétences que celles des hommes.

Sur votre combinaison, vous portez le nom de différentes associations ?

J'ai pris le parti de ne pas floquer des marques de luxe sur ma poitrine comme le font mes homologues masculins mais des valeurs, des causes qui me tiennent à cœur et notamment l'association Grégory Lemarchal et Planète urgence. C'était très important de mettre du sens dans mes plongées. C'est ma seconde peau et quand j'ai ces deux logos floqués sur moi, cela m'aide. Parfois je mets ma main sur la poitrine pour respirer et je sens ces logos sous ma main. Je suis en train de vivre ma passion, dans un environnement extraordinaire, je peux donner trois minutes de mon temps et je pense à ceux qui n'ont pas trouvé leur passion. Quand l'envie n'est pas là, cela donne du sens à ce que je suis en train de faire.

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