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Le Père Noël ? Qu'est-ce a dire ?

06h19 - 22 décembre 2022 - par Info Clermont Métropole
Le Père Noël ? Qu'est-ce a dire ?
Cette perception stimule la vie imaginaire de l'enfant (© Pezibear).

Noël approche. Et avec lui la grande question pour les parents des enfants dont l'âge va jusqu'à 7 ans : savoir si l'on parle du Père Noël, si on encourage sa croyance ou si l'on décide une bonne fois pour toutes que celui-ci n'existe pas ?

Aujourd'hui la question est devenue cruciale avec le développement des réseaux sociaux : quelquefois, on s'écharpe à coups d'arguments plus ou moins fiables où même le Père Noël et ses disciples sont devenus l'objet d'injures féroces !...

Ainsi c'est un conte de Noël très particulier qui se déroule dans une commune près de Nîmes en cette fin d'année 2022 où une mère de famille reproche à l'institutrice d'avoir dit à ses élèves que le Père Noël n'existait pas. Et sur WhatsApp des parents d'élèves ont fait part de leur indignation et même plus puisque l'enseignante a déposé plainte pour « menaces envers un agent chargé d'une mission de service public » avec un arrêt maladie à la clef...

Seuls les gendarmes ont, semble-t-il, fait preuve de bon sens et d'humour dans cette histoire symptomatique du temps présent en disant que « n'ayant pas obtenu d'extension de leur compétence territoriale, le Père Noël ne sera pas entendu dans cette procédure... »

Certes, il ne s'agit pas d'imposer la croyance au Père Noël en tant que parent car cette adhésion relève simplement d'un rite social auquel de très nombreux enfants croient et dont nous allons évoquer les bienfaits.

Frontière des âges

D'un point de vue psychologique, il est bien vrai qu'une frontière se dessine entre les adultes et les enfants : les premiers nommés savent que le Père Noël dont ils parlent constamment au mois de décembre n'existe pas mais ils ont envie d'y croire quelquefois tout au long de l'année en intégrant dans leur univers le partage et la générosité en offrant à ceux qu'ils aiment et en donnant aussi à ceux que la loterie de la vie a laissés sur les bas-côtés de notre société contemporaine...

Alors, nous souhaitons envisager que croire au Père Noël pour un enfant n'est pas forcément une notion maléfique bien au contraire ! Comme l'est la petite souris quand la première dent tombe ou quand les cloches de Pâques déposent les œufs en chocolat dans la lande...

Toutes ces traditions plus ou moins écrites ont pour vertu de permettre à l'enfant de développer une fonction imaginative au moment où son développement psychologique le permet. C'est la rencontre chez l'enfant de la pensée magique chère aux bambins de 2-3 ans et d'une histoire merveilleuse dont tous les ingrédients sont réunis autour de la bienveillance, de la générosité et du fait que tout est possible.

Cette perception stimule sa vie imaginaire et il sera toujours temps avec la maturité pour l'enfant de 7-8 ans quand il acquerra ce que J. Piaget - célèbre psychologue découvreur du développement intellectuel - appelle la pensée concrète afin de pouvoir élaborer des solutions aux difficultés auxquelles il sera confronté.

C'est l'apparition de nouvelles fonctions mentales - les fameuses opérations concrètes - qui entraînent le travail de maturité et ce travail psychique n'a pas de prix.

Il est aussi nécessaire sur le plan affectif que l'enfant ait un espace de rêverie où l'évasion et l'aventure sont possibles dans les recoins secrets de sa vie imaginative sinon il deviendra un adulte à la vie psychique fragile tout entier tourné vers un univers concret et matériel.

Comme l'expérience nous le montre, au fur et à mesure que cet enfant va grandir, la croyance en ces belles histoires va s'effriter et les questions vont se faire plus précises et plus incisives.

Le parent voit bien alors comment sa curiosité est attisée et combien il recherche des solutions aux questions qu'il se pose... Et, par exemple, Camille rentre de l'école et demande chaque jour à ses parents : « Mais maman, il existe vraiment le Père Noël ? ». Dans la cour de récréation, les discussions sont animées... Il y a ceux qui, fiers de détenir un secret, annoncent de but en blanc : « Mais non, enfin, il n'existe pas, ce sont les parents... »

Confortés en cela par la multitude des Pères Noël croisés au coin des rues ou à la crèche quand il apportera les cadeaux institutionnalisés. Moment qui nous permet de dire que ce moment des cadeaux doit pouvoir rester un moment familial donc intime... Si je pouvais paraphraser une formule bien connue, je dirais bien volontiers que « trop de pères noël tuent le père noël ! » Et puis, il y a ceux qui y croient dur comme fer et qui ont une réponse à chaque interrogation qui se pose : « le père noël est très fort » « il trouvera toujours un moyen de passer ».

C'est bien souvent entre la dernière année de maternelle et le CP que la cour bruisse de tous les bruits expliquant que le Père Noël n'existe pas, informations véhiculées par des enfants bien intentionnés !

Doutes

Car il y a, bien sûr, ceux qui veulent faire les malins et initier les plus petits ou les plus crédules. Les interrogations aux parents se multiplient et le doute s'insinue puis s'installe et voilà les parents face à un dilemme : le laisser y croire le plus longtemps possible ou bien lui dire la vérité ?

La réponse est dans l'accompagnement éducatif de l'enfant. C'est à nous parents de sentir si l'enfant est suffisamment mûr à 6 ou 7 ans pour entendre une vérité jusque-là combattue. Et si l'enfant fait entendre des doutes très importants, on peut expliquer très simplement que c'est une belle histoire comme il en existe dans les livres qu'il a pu lire ou que ses parents lui ont racontés.

Enfin, s'il dit clairement que le Père Noël n'existe pas, notre attitude sera de confirmer ses dires car la désillusion serait trop forte si les parents maintiennent l'existence de cher bonhomme. Le risque étant que l'enfant perde confiance dans ses propos et en lui-même. Mais soyons vigilants car nous avons aussi rencontré des enfants qui ne croyaient plus au Père Noël mais qui faisaient semblant d'y croire pour ne pas faire de la peine à leurs parents !

La vie inconsciente des enfants est compliquée et ce sont toujours les parents ou ceux qui en font office que l'enfant cherche à protéger...

Cette belle histoire se terminera pour lui en faisant tranquillement son deuil d'une histoire qui aura concouru à son émerveillement et il saura y repenser au fil de son enfance comme des moments intenses de rêverie éveillée.

Marc Ferrero, Psychologue clinicien. Co-auteur avec JM Besse de « l'enfant et ses complexes » Ed. Mardaga.

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