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Franck Chambon : "que les délinquants de la route ne soient pas tranquilles"

07h22 - 18 mai 2022 - par Info Clermont Métropole
Franck Chambon :
Le Capitaine Franck Chambon, commandant en second de l'Escadron départemental de sécurité routière (EDSR). © Guillaume Bonnaure.

Le Capitaine Franck Chambon, commandant en second de l'Escadron départemental de sécurité routière (EDSR), qui compte 36 motards, fait le point sur l'état de la délinquance routière dans le Puy-de-Dôme.

Maintenant que tout le monde est revenu quel bilan faites-vous au niveau de la délinquance routière ?

Depuis la fin du premier confinement en 2020, nous constatons un changement dans les comportements. Nous avons une grande majorité de gens qui respecte la réglementation mais la minorité qui ne respectait déjà pas les règles a passé un nouveau pallié. Ils font toujours de gros excès de vitesse, en ayant consommé de l'alcool et des stupéfiants et en roulant sans permis. Mais désormais, on constate des accidents où les gens n'assument pas leur responsabilité et prennent la fuite. Nous avons régulièrement des refus d'obtempérer. Cette minorité est prête à prendre beaucoup de risques pour échapper à sa responsabilité.

Quelle est votre réaction par rapport à ça ?

Notre but, c'est que tôt ou tard, ces gens-là se fassent attraper. Si un jour ils y ont échappé, le lendemain, ils n'y échapperont pas. Aujourd'hui, avec nos moyens, on peut les retrouver. La personne qui pense avoir échappé au contrôle, on va la chercher le lendemain. On peut les localiser, on a des caméras sur les autoroutes, des caméras piétons... La grande majorité des refus d'obtempérer sont résolus et quand ils ne sont pas résolus, ils se font attraper là fois d'après. Ce sont rarement des gens qui en sont à leur coup d'essai. Ce sont des gens qui prennent habituellement des risques.

La mortalité sur les routes évolue dans quel sens ?

En 2021 nous avons eu 18 morts sur les routes du Puy-de-Dôme, c'est le bilan le plus bas depuis que les EDSR existent, c'est-à-dire depuis vingt ans. En 2001, il y a eu 80 morts dans le 63. Ce n'est pas que la sécurité routière, les infrastructures évoluent, les véhicules aussi c'est un ensemble mais depuis 1998, une action est faite. Notre but, c'est que les délinquants de la route ne soient pas tranquilles. Le levier législatif se durcit avec le temps et depuis le début de l'année, pour les graves infractions, on met le véhicule en fourrière. Enlever le véhicule à quelqu'un a un impact psychologique important car sans permis ils « peuvent » quand même rouler.

En interpellant ces délinquants, vous découvrez d'autres infractions ?

Oui. Nous ne faisons pas de tracasserie, la personne qui roule à 10 km/h au-dessus de la vitesse autorisée ne nous intéresse pas. Nous visons les gros excès de vitesse ou les personnes qui ont consommé de l'alcool. Souvent, les gens recherchés, qui détiennent des stupéfiants font partie de ces gens qui font de grosses infractions... On pourrait penser qu'une personne recherchée va rouler tranquillement mais non, elle commet des excès de vitesse, double par la droite... Tout pour se faire remarquer. Les enquêtes partent de la Police route puis on va déboucher sur des enquêtes sur la drogue et une perquisition au domicile où l'on découvre des produits. On sait que ce ne sont pas que des consommateurs. Nous sommes capables de mener nos propres enquêtes. Nous avons au sein de l'EDSR un groupe du contrôle des flux qui identifie les gens à contrôler. Il est composé de militaires spécialement formés à la fraude documentaire (faux permis), au maquillage de véhicules volés et au traitement de la législation sur les étrangers en situation irrégulière. Nous intervenons aussi dans les espaces protégés pour contrôler le camping sauvage ou voir si les gens ne font pas n'importe quoi. Mais notre mission première reste la sécurité routière.

Vous faites aussi de la prévention...

Toute l'année, des militaires viennent dans les écoles avec la piste routière c'est une initiation au Code de la route, au partage de la route et à la conduite. Nous intervenons également en entreprise et auprès des motards, un public vulnérable. Nous avons beaucoup d'accidents de motos dans le Puy-de-Dôme. On fait des initiations le dimanche avec des groupes de motards, sur la trajectoire de sécurité puis on met en pratique sur la route. Cela permet aux motards civils de nous voir sous un autre angle et de partager les expériences. Ce volet est important même s'il est moins visible.

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