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Nicolas Valentim : "Le rugby fauteuil ce n'est pas du social, c'est vraiment du sport"

16h14 - 07 mars 2022 - par Info Clermont Métropole
Nicolas Valentim :
Nicolas Valentim salue son staff et ses coéquipiers (© D-Echelard FF Handisport).

Originaire de La Bourboule, Nicolas Valentim joue pour l'ASM et l'équipe de France de rugby fauteuil. Comme Adrien Chalmin, il est devenu champion d'Europe le 26 février à Paris.

Après les derniers Jeux olympiques où vous terminez 6e, vous devenez champions d'Europe. Que représente ce titre ?

Nous savions que nous avions un gros niveau au stade européen et que l'on pouvait le faire sachant que le Danemark et l'Angleterre étaient nos deux plus gros concurrents. Battre l'Angleterre, champion paralympique en titre cela reste un exploit même si on savait que c'était faisable (44-43). On ne savait pas l'ordre du podium, on avait une chance d'y être mais être premier c'est génial. Au niveau mondial, d'autres équipes restent au-dessus de nous pour le moment même si nous ne sommes pas très loin. Ces matches se jouent à des détails, on gagne d'un point mais cela aurait pu être l'inverse. Forcément, il y a les championnats du monde au mois d'octobre donc il nous reste plusieurs mois pour nous préparer mais ce sont des matches qui seront plus intenses encore. Cela reste une grosse performance d'avoir battu les Anglais.

Qu'est-ce qui a changé depuis Tokyo dans le groupe ou dans la préparation ?

Je ne sais pas si c'est dû à ça mais nous avons changé de coach. C'est un grand changement avec un trio à la tête de l'équipe et un regard différent. Un joueur important est revenu dans le groupe aussi. Nous étions vraiment détendus, même le jour de la finale je n'ai pas senti d'animosité ou de tensions. Notre plus gros ennemi, c'était nous avec la pression que l'on se met. On ne savait pas qu'on allait gagner mais le matin de la finale on sentait que tout se passait bien. L'organisation aussi et le staff qui ont tout fait pour que l'on soit dans de bonnes conditions. Nous avons eu une bonne récupération, les fauteuils étaient prêts quand on arrivait au gymnase. Tout était bien aligné.

La fédération vous a bien accompagné ?

Toute la saison, la Fédération est active et c'est grâce à elle que nous pouvons faire des stages. Bien sûr on aimerait encore plus car on veut un titre au niveau mondial et c'est un sport qui demande beaucoup d'automatismes. Mais pour ça il faudrait que l'on se regroupe plus souvent et cela coûte cher. C'est un premier titre européen et j'espère que cela en appellera d'autres au niveau mondial et la cerise sur le gâteau serait de faire la première médaille paralympique chez-nous à Paris. Il nous reste quelques années pour se préparer. On sait que l'on a le niveau mais d'autres joueurs doivent élever leur niveau pour faire souffler nos joueurs majeurs contre des équipes du top mondial. Il faut avoir de nouvelles intégrations, trouver le juste milieu car on a un groupe qui se connaît par cœur depuis des années. Même en dehors, tout le monde va dans le même sens.

Et le public nous a fait du bien. Car voit que l'on peut réunir autant de public à la Halle Carpentier à Paris pour un sport qui n'est pas médiatisé, cela fait chaud au cœur et cela nous a aidé sur la finale. Ce qui est formidable dans cette équipe, c'est que tout le monde est parti de pas grand-chose, avec un petit club au départ, peu de fauteuils. Nous sommes amateurs en fait et nous arrivons à être champions d'Europe. C'est beau car chacun dans son club travaille dans l'ombre et tout le monde se met au service du collectif. Il n'y a personne au-dessus d'un autre.

Certains auraient voulu que vous fassiez la UNE du journal l'Équipe. Malgré tout quel est votre sentiment sur la médiatisation du rugby fauteuil ?

Il y a eu une quarantaine d'accréditations pour les médias ce qui est très bien. On souhaiterait toujours plus de médiatisation mais les matches étaient quand même diffusés et commentés. Cela évolue. Les gens parlent de nous-même si cela ne fait pas la Une. On peut le comprendre. Mais les gens doivent surtout intégrer que nous sommes des sportifs, des athlètes et que nous ne faisons pas un petit sport pour le plaisir ou nous faire du bien. Ce n'est pas du social, c'est vraiment du sport avec une grosse préparation, où l'on ne peut ne pas jouer si on n'est pas en forme... Nous ne sommes pas des handicapés qui font du sport pour leur bien-être mental. Nous sommes vraiment des sportifs. L'important c'est le résultat car si la pratique nous fait du bien, la compétition aussi.

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