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Céline Bréant : "ouvrir en grand les portes de la Comédie"

08h34 - 05 octobre 2021 - par Info Clermont Métropole
Céline Bréant :
Céline Bréant, nouvelle directrice de la Comédie de Clermont (© Élian Bachini)

Après avoir officié dans le milieu de la danse aux Hivernales à Avignon et au Gymnase à Roubaix, la nouvelle directrice de la Comédie de Clermont lance un projet « Pop » ouvert au plus grand nombre. 

Vous avez officié à Roubaix et à Avignon. En venant à Clermont-Ferrand, vous avez trouvé un équilibre ?

J'ai fait toute ma carrière dans le milieu de la chorégraphique dans deux centres de développement chorégraphiques nationaux, aux Hivernales à Avignon en tant que directrice de programmation et au Gymnase à Roubaix en tant que directrice. J'avais envie de quitter une grosse métropole, j'avais le désir de revenir dans une ville à taille humaine. Je voulais une nature plus proche et en plus ici elle est très belle. Ici, je me rapproche de mes racines mais surtout c'est la jeunesse de cette ville qui m'a frappé. Il y a beaucoup d'étudiants par rapport au nombre d'habitants. C'est génial pour un projet culturel d'être dans une ville qui est très vivante. La perspective de la Capitale européenne de la culture en 2028 a compté aussi car cela venait me replacer à un endroit où j'étais en début de carrière. En 1998, quand j'ai commencé j'étais chargé des relations européennes aux Hivernales, au moment où Avignon était nommée capitale européenne de la culture avec huit autres villes, en 2000. Je me suis dit c'est peut-être un signe. À Lille, j'ai pu constater les effets bénéfiques d'être capitale de la culture quand elle est bien menée.

Votre carrière est habitée par la danse. À Clermont, vous allez vous diversifier...

C'est une scène nationale pluridisciplinaire et l'on touche à d'autres disciplines. J'avais vraiment envie d'ouvrir mes horizons. Quand on devient en vingt ans, hyperspécialiste de sa discipline, on a tendance à avoir un regard aiguisé mais qui peut se fermer un petit peu quand même... Quand on ne voit que de la danse ou presque, on devient très exigeant dans la discipline mais on doit retrouver de la spontanéité. J'avais besoin de ça, de me laver les yeux. La danse contemporaine est l'une des disciplines ouverte aux autres arts, avec le cirque, le théâtre, la musique... Il y a une grande porosité avec les autres arts donc je ne me sentais pas étrangère en venant ici. La scène nationale de Clermont-Ferrand est réputée pour défendre la danse donc c'était important avec cette discipline de cœur.

Fédérer et partager sont pour vous deux mots-clés ?

Notre travail c'est de parler au plus grand nombre. Comment va-t-on vers les populations ? Vers ceux qui ne viennent pas et qui peut-être ne viendront jamais à la Comédie. Nous n'avons pas le droit de se priver d'entrer en relation avec eux. Comment depuis nos murs, on peut proposer des actions qui ne les impressionnent ou ne les rebutent pas ? On va poser une saison de bals dans ce grand hall des Pas perdus. Il est majestueux, il donne directement sur la rue et invite à y rentrer. Nous sommes dans une région où les bals traditionnels ont encore un sens, une vivacité forte, une survivance. On pourra faire du bal traditionnel, du bal rock ou hip-hop, en plaçant l'artiste au centre et en faisant en sorte que tout me monde puisse danser. J'aimerais aussi que l'on pose des week-ends « Play time », des week-ends portes ouvertes de la Comédie afin de profiter de ces espaces formidables. J'ai envie que les gens se saisissent de ces lieux et d'ouvrir en grand les portes de la Comédie. Ce projet est en réalisation pour la saison 2022-2023.

Comment définir ce projet « Pop » prévu pour 2022-2023 ?

Il faut aussi aller vers les gens en proposant un mouvement inverse. Nous mettrons en œuvre un temps fort dédié qui va travailler sur la question de l'In Situ, pour explorer les lieux qui ne sont pas pensés pour les spectacles et y poser des formes. On veut poser des formes dans l'espace rural et urbain, dans des lieux reculés, incongrus, des lieux de patrimoine pour explorer la géographie de la ville, de la Métropole et plus tard du Département. Pour signifier que la Comédie vient à vous mais j'ai aussi envie de tisser une relation avec les objets spectaculaires et l'environnement. Une œuvre, on ne la lit pas de la même manière si elle se déroule au pied d'un volcan ou sur la Place de Jaude. Et on ne lit pas l'environnement de la même façon aussi. Comment cet aller-retour entre ce que je vois et ce qui m'entoure tisse une relation forte. C'est aussi une manière de réaffirmer que tout est interconnecté et qu'il faut prendre soin les uns des autres et de ce qui nous entoure.

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