Clermont-Ferrand 15° C
vendredi 26 avril

Axel Kahn : « Le cancer est devenu aujourd'hui le premier fléau social »

09h56 - 22 mai 2020 - par Info Clermont Métropole
Axel Kahn : « Le cancer est devenu aujourd'hui le premier fléau social »
« La Ligue contre le cancer a 102 ans et elle va bien », affirme le Pr. Axel Kahn.

Médecin généticien, le Professeur Axel Kahn préside la Ligue nationale contre le cancer. A l'invitation du Crédit Agricole, il était de passage à Clermont fin janvier pour la remise d'un important chèque aux cinq comités départementaux du territoire de la banque. Il parle du cancer.

Info - Que peut-on dire du cancer dans l'histoire ?

Axel Kahn - L'origine du cancer est aussi vieille que l'origine de la vie. Tous les organismes vivants ont des cancers. Il ne fallait donc pas imaginer un monde sans cancer. L'être humain a toujours eu des cancers. Nous en avons retrouvé sur les hommes préhistoriques, les momies égyptiennes. Il s'agit d'un adversaire redoutable qui est devenu aujourd'hui le premier fléau social. On dénombre chez nous 400.000 nouveaux cas chaque année. C'est donc la maladie la plus fréquente et qui entraîne le plus de décès.

I. - La Ligue contre le cancer est une « altière guerrière » selon votre formule. Elle a 102 ans et elle reste plus utile que jamais...

A. K. - En effet, elle représente le vaisseau amiral de la lutte non gouvernementale contre les cancers. Dans le domaine de la santé, il s'agit de la 2e association en termes de moyens après la Croix-Rouge Française. Pour financer ses différents combats, la recherche, la prévention, l'éducation, les soins supports aux personnes, La Ligue met sur la table plus de 70 millions d'euros tous les ans. Son budget est de 106 millions d'euros. Je rappelle que la Ligue n'est pas du tout financée par les pouvoirs publics. Elle demeure donc tout à fait indépendante, ce qui lui permet de mener les plaidoyers qu'elle croit devoir mener. Par exemple, quand on veut lancer une campagne contre l'alcool, ou s'associer au mois sans alcool, on le fait. Nous ne sommes pas morigénés par le ministre de l'Agriculture ou le président de la République. Autre exemple, nous avons toutes les raisons de penser que les nitrites sont responsables de l'excès de cancérogénicité des charcuteries, ce n'est pas le ministre de l'Agriculture qui va nous faire taire. Notre rôle consiste à protéger les gens, à mieux les soigner quand il développe un cancer et à mieux les accompagner pendant et après la maladie.

I. - Vous avez reçu, avec les présidents des comités, un chèque de plus de 140.000 euros, l'argent est-il le nerf de la guerre dans la lutte contre le cancer ?

A. K - 140.000 € pour les cinq départements qui ont coopéré à l'opération « On se ligue » mise en place par le Crédit Agricole, c'est une somme tout à fait importante. Il faut savoir que pour les millions de personnes qui sont en parcours de soins pour un cancer, la Ligue met sur la table 10 millions d'euros pour leur offrir des soins gratuits, que ce soit de la socio-esthétique ou encore de l'activité physique adaptée.

I. - Que pensez-vous de l'explosion de certains types de cancer, comme celui du pancréas, très redoutable ?

A. K. - On ne sait pas trop expliquer cette augmentation. Parmi les causes de ce cancer, il y a certainement l'alcool et le tabac. Peut-être y a-t-il des toxiques alimentaires, c'est possible puisqu'il est situé dans la sphère digestive. Il reste l'un des cancers les plus désespérants. Dans les nouvelles thérapeutiques qui se développent aujourd'hui, certaines pourraient peut-être permettre enfin de cesser d'être inefficaces.

I. - Quelles sont les priorités d'Axel Kahn en tant que président de la Ligue ?

A. K. - Si j'ai naturellement beaucoup de priorités, je résumerais cela en un slogan : la Ligue a 102 ans et elle va bien ! Elle s'engage avec toute sa juvénile ardeur pour que le maximum de jeunes s'approchent de cet âge sans cancer. Malheureusement, quasiment un sur deux en aura. Mais sur ce pourcentage, un peu moins de la moitié qui développera un cancer pourrait ne pas l'avoir.

I. - Quels conseils pouvez-vous donner alors pour minimiser les risques ?

A. K. - Il faut essayer d'adopter le mode de vie suivant : rester à son poids de forme, avoir une activité physique régulière, éviter de boire de l'alcool et fumer, adopter une alimentation équilibrée composée de légumes verts, de fruits, de poisson et d'huiles végétales, limiter sa consommation de viande à moins de 500 grammes par semaine et limiter le barbecue et les charcuteries.

0 commentaires
Envoyer un commentaire