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Économie : de l'incertitude mais une volonté de redémarrer

13h52 - 22 avril 2020 - par Info Clermont Métropole
Économie : de l'incertitude mais une volonté de redémarrer
Sur la métropole clermontoise, de nombreux chantiers sont à l'arrêt. Mais la construction repart petit à petit...  - ©

Alors que la crise sanitaire se poursuit, les impacts négatifs sur l'économie inquiètent bon nombre de chefs d'entreprise. Certains secteurs sont à l'arrêt complet, d'autres ont repris partiellement. En compagnie de dirigeants de société du département, Claude Barbin, le président de la CCI du Puy-de-Dôme Clermont Auvergne Métropole, évoque le contexte actuel, les mesures prises par la chambre consulaire et les incertitudes qui pèsent sur l'avenir.

Des secteurs très sinistrés comme la restauration, l'événementiel, le tourisme, d'autres qui tentent de redémarrer, à l'image du bâtiment et des travaux publics, certains enfin, comme l'industrie pharmaceutique, peu touchée par la crise sanitaire actuelle... Sur le front de l'économie dans le Puy-de-Dôme, c'est le grand écart. Face à cette période inédite et anxiogène, de nombreux chefs d'entreprise et indépendants tentent de faire face.

« Notre Chambre s'est adaptée, tout comme la partie de l'économie qui peut continuer à tourner. Le télétravail fonctionne à 100 % et la CCI est totalement engagée sur ses missions, à savoir informer les entreprises, informer le territoire et fournir un bilan de l'économie locale à l'État. Nous avons fait ce qu'il fallait faire à un rythme extrêmement soutenu, malgré des moyens dégradés », pose Claude Barbin, le président de la Chambre de commerce et d'industrie du Puy-de-Dôme.

Dans ce que l'élu consulaire appelle le « temps 1 », qui a duré à peu près un mois depuis le début du confinement (17 mars), la CCI a beaucoup communiqué pour répondre à l'inquiétude des chefs d'entreprise : envoi de trois newsletters hebdomadaires à 20.000 sociétés puydômoises, mise à jour régulière de son site Internet en synergie avec celui de la Métropole, mise en place d'une plate-forme de géolocalisation chargée de recenser les entreprises encore en activité, échanges chaque jeudi avec Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc, la préfète du Puy-de-Dôme, mais aussi avec des services de l'État, du Département et de la Région, ou encore les autres chambres consulaires et organisations patronales.

Depuis le 20 avril, Claude Barbin estime que la CCI est rentrée dans le « temps 2 », c'est-à-dire la préparation du déconfinement. À l'entendre, cela se fera filière par filière et cette phase va passer par la mise à disposition d'éléments de protection pour les entreprises, notamment des masques. Clef de voûte du dispositif, l'opération menée conjointement avec le service achat du groupe Michelin pour acheminer localement 3 millions de masques. Elle a démarré le 22 avril.

« Ils étaient proposés à 0,53 centime, prix coûtant. Cette opération s'est avérée être un véritable succès et elle s'est terminée le 27 avril en raison de l'épuisement des stocks. Mais les deux autres initiatives sont toujours actives à savoir la promotion des produits de protection proposés par des entreprises auvergnates et l'opération nationale montée en partenariat avec les CCI, les chambres des métiers et Cdiscount. »

Dans le même temps, le président de la CCI a déjà commencé à plancher sur le « temps 3 », celui du « rebond économique » de l'après confinement. Depuis quelques jours, quatre commissions spécifiques d'élus consulaires travaillent sur le sujet. Ces réflexions sont menées conjointement avec des partenaires comme Clermont Auvergne Métropole ou les communautés de communes du territoire.

Pour certaines filières particulièrement touchées comme le tourisme, la CCI va également se battre en travaillant sur le « consommer local ».

« Par exemple, nous avons fait un gros effort sur la filière viticole ces derniers mois. Il ne faudrait pas que ces efforts se tarissent. Les viticulteurs doivent pouvoir vendre leur production. Nous devons relever ce challenge avec la Chambre d'agriculture. La grande distribution doit jouer le jeu », estime Claude Barbin.

Dans le secteur de l'immobilier et de la promotion immobilière, les entreprises sont soit à l'arrêt, soit elles tentent de reprendre une activité. Chez Itineris Building, on a fermé les bureaux du siège clermontois dès le 17 mars. « Les salaires de mars ont été intégralement versés à mes collaborateurs par l'entreprise », explique Philippe Vigneron, son dirigeant.

Depuis le 1er avril, ses employés sont en télétravail pour 50 % du temps et au chômage partiel pour les 50 % restant.

Du côté des chantiers en cours, tous ont été suspendus jusqu'au 30 mars. Mais depuis le début du mois d'avril, les entreprises sous-traitantes ont souhaité reprendre partiellement l'activité, un mouvement qui s'est accéléré à partir du 15 avril. « Nous avons mis en œuvre des procédures strictes car en dernier ressort, c'est le maître d'ouvrage que je suis qui porte la responsabilité. C'est pourquoi, j'ai sollicité un contrôle de mes chantiers auprès de l'inspection du travail et de la Direccte. »

Toutefois, cette reprise d'activité ne va pas sans difficultés pratiques. « Dans notre nouvelle résidence en construction, à Chamalières, nous n'avons pas repris car nous devons faire cohabiter trois corps de métiers différents et c'est compliqué. »

Plus largement, Philippe Vigneron a fait le compte des pertes pour ses deux sociétés. « En ce qui concerne l'activité commerciale, depuis le 17 mars, nous avons à peine atteint 450.000 € de réservations au lieu des 1,5 million d'euros en temps normal. Soit ce sera un report, soit ce sera perdu », affirme ce grand fan de l'ASM.

Autre situation inquiétante, les ventes chez les notaires sont toutes différées. « Cela représente pour nous un chiffre d'affaires reporté de plus de 2,5 M d'euros sur les deux mois à venir. »

Alors que mars et avril sont généralement des mois porteurs pour le secteur, avec l'annulation du Salon de l'habitat et des journées « portes ouvertes », les conséquences risquent également de se faire sentir à plus long terme. « C'est toute l'activité des six mois à un an à venir qui va en pâtir », se projette déjà, un peu inquiet, le dirigeant.

Dans le domaine pharmaceutique, indispensable et hautement stratégique, Jean-Frédéric Chibret, le président des Laboratoires Théa, rapporte que le secteur est moins impacté par la crise sanitaire. À Clermont, cette société florissante, spécialisée en ophtalmologie, s'est adaptée rapidement à la situation. Plus de 300 collaborateurs du siège, situé au Brézet, ont été mis en télétravail dès les premiers jours du confinement.

« Entre 20 et 30 personnes viennent travailler ici seulement, notamment au niveau du laboratoire », souligne-t-il.

Alors que Théa dispose de deux sites de production à la Rochelle et à Milan, en Italie, l'activité a pu se poursuivre sur place malgré l'épidémie. Même chose chez ses nombreux façonniers disséminés un peu partout en France.

En revanche, Les laboratoires qui organisent de nombreux congrès et symposiums à travers le monde ont décidé de tout geler jusqu'au 1er septembre prochain. « Certains ont été annulés, d'autres sont repoussés au 3e ou 4e trimestre. On verra bien. »

Pour l'heure, Jean-Frédéric Chibret ne constate pas de baisse d'activité dans son domaine d'intervention.

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