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Georges Faure « Nous avons une vraie surchauffe en termes d’activité »

00h50 - 29 octobre 2018 - par Info Clermont Métropole
Georges Faure « Nous avons une vraie surchauffe en termes d’activité »
Avec son équipe, le président de la FFB 63 travaille sur un plan ambitieux en matière d’emploi et de formation © Emmanuel Thérond - © STYL_FAURE

[caption id="attachment_224881" align="aligncenter" width="783"] Avec son équipe, le président de la FFB 63 travaille sur un plan ambitieux en matière d’emploi et de formation © Emmanuel Thérond[/caption] Le président de la fédération française du bâtiment du Puy-de-Dôme (FFB 63) constate une embellie de l’activité dans le département. Mais il se garde bien de tout optimisme… Quel est le poids du BTP dans le département ? Le BTP représente 4.626 entreprises et 12.688 salariés dans le département. La production se chiffre à 1,168 milliards d’euros HT pour le seul secteur du bâtiment. 3.673 logements neufs sont construits chaque année, dont 59 % pour de l’individuel. Comment se portent les entreprises ? Les carnets de commandes sont plutôt bien remplis. Reste à savoir pour combien de temps… De plus, il faut bien distinguer le national du régional, et les métropoles du reste de la France.  Et pour cause : si l’activité est plus que très soutenue pour les métropoles, ce n’est pas forcément une réalité pour tous les départements. Si on prend l’exemple de l’ancienne Auvergne, le Puy-de-Dôme enregistre encore une activité très correcte en ce qui concerne la production de logements, mais c’est beaucoup plus difficile pour l’Allier et le Cantal. La Haute-Loire s’en sort un peu mieux. Qu’en est-il des prix ? Les niveaux de prix actuels ne permettent pas aux entreprises de refaire des trésoreries. Ils restent toujours très bas. Cette situation n’est pas sans poser de problèmes, surtout au vu de l’augmentation significative du coût des matériaux et de la main d’œuvre. Du coup, la rentabilité des entreprises n’est pas forcément au mieux. Pendant la crise, les entreprises ont fait de gros efforts pour garder leur personnel. Aujourd’hui, beaucoup ont des trésoreries exsangues…  C’est un peu inquiétant, car rien ne garantit que l’euphorie d’aujourd’hui se poursuive dans un an et demi ou deux ans. Vous n’avez pas de visibilité ? Aujourd’hui, il y a moins de permis déposés que de chantiers qui démarrent. Nous sommes à + 25 % de mises en chantier sur un an glissant et + 17 % de permis déposés. Donc, on tape dans le stock… D’accord, mais c’est quand même une progression à deux chiffres… C’est paradoxal par rapport au reste de la région : nous sommes le département où tout va bien. Plus dure sera peut-être la chute. Nous avons une vraie surchauffe en termes d’activité. On préfèrerait que ce soit un peu plus lissé. La conséquence immédiate, c’est une tension énorme sur la main d’œuvre et – je ne sais pas si je le dis – sur les salaires. Les entreprises sont prudentes : quand le nombre d’emplois salariés progresse de 1,9 %, celui des intérimaires progresse de 11 %... De nombreux projets sortent de terre sur la métropole. C’est plutôt de bon augure, non  ? On est tout à fait d’accord. Ce qui est un peu dommage, c’est que tout arrive en même temps. Comme je le disais, cette situation créé une surchauffe au niveau de l’emploi. Suffit-il de traverser la rue pour trouver un emploi dans le bâtiment ? Oui. Les entreprises ont du mal à recruter. Comment l’expliquer ? Le déficit d’image du bâtiment, c’est une rengaine. Mais des vents favorables se lèvent : j’ai rencontré des professionnels de l’Education nationale qui louent nos métiers, qui veulent intervenir auprès des parents pour leur expliquer qu’il y a des emplois dans le bâtiment, que l’ascenseur social fonctionne et que le secteur est traversé par la transition numérique. De nouveaux métiers sont en train de naître. Ce ne sont pas des métiers que l’on choisit par défaut. Quel est le poids de la fédération ? Elle est le premier représentant des employeurs au niveau national, aussi bien pour les entreprises de moins de 10 salariés que de plus de 10 salariés. Donc, la fédération s’occupe aussi des artisans, chose que beaucoup s’emploient parfois à contredire. C’est important pour les négociations au niveau national, comme celle sur la nouvelle convention collective, active depuis juillet. La fédération a aussi mené un combat pour le maintien de la TVA à taux réduit. Autre sujet d’actualité ? L’emploi et la formation. Nous sommes en train de mettre au point un plan ambitieux pour 2019 avec une volonté de recrutement au niveau de notre structure. Nous sommes aussi en train de créer « Transmibat » - un service d’accompagnement des adhérents dans la transmission de leur entreprise - et de décliner dans le département le projet « 15.000 bâtisseurs. » Il s’adresse à des personnes en recherche d’emploi dans les quartiers de la politique de la ville. En fait, nous voulons que le chef d’entreprise soit un peu moins seul. Il doit assumer les décisions, maîtriser l’intégralité des fonctions de son entreprise…  C’est beaucoup. Notre métier, c’est de faire en sorte qu’il ait un relai sur lequel s’appuyer, au plus près de ses besoins. La Région communique beaucoup sur la préférence régionale sur les chantiers. Une bonne idée ? C’est plutôt une très bonne chose. Cela favorise les entreprises locales. Les entreprises doivent fournir une attestation pour dire qu’elles n’emploient pas de travailleurs détachés. Si c’est le cas, elles sont rayées des appels d’offres de la Région. D’autres collectivités devraient-elles s’en inspirer ? Je peux juste dire que c’est une bonne chose de privilégier les entreprises du territoire. C’est aussi de nature à lutter contre la production de carbone. Quid du réchauffement climatique ? C’est le bâtiment qui produit le plus de C02. Or, les travaux sont faits pour limiter l’impact du secteur sur la planète. Il ne faudrait donc pas que l’Etat supprime les incitations en place de manière unilatérale. Ce ne serait pas bon pour l’environnement. Que pensez-vous des jobeurs ? Nous ne les voyons pas d’un bon œil. Souvent, ils n’ont pas d’assurance, de formation ou de qualification. Leur confier des travaux présente forcément un risque. La fédération a adhéré dernièrement à la marque « Auvergne » et à « Objectif Capitales », qui milite pour une meilleure connexion de la métropole au reste du pays. Pourquoi ? Parce que nous avons un devoir de participer au développement territorial du Puy-de-Dôme, car il sera forcément bénéfique au secteur du bâtiment. En tant qu’organisation professionnelle leader, nous nous devons d’apporter notre pierre à l’édifice. Nous espérons aussi que tout ce travail facilitera la transmission et la venue de repreneurs.

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