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Une filière locale pour les plantes médicinales

15h11 - 06 juin 2017 - par Info Clermont Métropole
Une filière locale pour les plantes médicinales
- © ACTU_PLANTIAUV

A travers « Plantinauv », un producteur, des universitaires et industriels auvergnats se sont unis sur un projet commun. L’objectif est de constituer à terme une véritable filière de production de plantes médicinales locales. C’est un beau projet. Atypique et innovant. Un projet d’importance aussi, financé à hauteur de 2,3 millions d’euros, et qui mobilise une trentaine de personnes venues d’horizons divers, acteurs publics et privés. Tous sont donc réunis sous la bannière de « Plantinauv », un projet FRI Cluster, financé en partie par des fonds du FEDER et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Sur le fond, l’objectif consiste à étudier et à valoriser les plantes médicinales locales… « Avec la volonté d’aller plus loin, c’est-à-dire de procéder à terme à une mise sur le marché d’actifs végétaux qui possèdent des vertus, notamment anti-inflammatoires », cadre Pierre Chalard, directeur des études et ingénieur-chimiste à Sigma Clermont, intégré au sein de l’équipe COM (Chimie organique médicinale). « L’idée était également d’identifier des plantes d’intérêt alimentaire puisque l’on espère déboucher sur des produits nutraceutiques innovants. Mais la grande originalité de ce projet, c’est que le sourcing et la production sont locales. Nous avons réussi à créer une véritable filière du végétal », poursuit Florence Caldefie-Chézet, Professeur à l’UFR de Pharmacie (Université Clermont Auvergne) et responsable de l’équipe ECREIN (Unité de Nutrition Humaine, UMR INRA-UCA), dédiée à la recherche en biologie et phytochimie. En amont de la chaîne, on retrouve également T2T International, une société créée pour le sourcing et la mise en culture des plantes. Au départ, les chercheurs ont sélectionné de nombreux spécimens de la flore auvergnate susceptibles de présenter des propriétés anti-inflammatoires et nutraceutiques. Au final, six d’entre elles, les plus actives, seront retenues, ce qui devrait être fait dans le courant du mois de juin. Mais impossible de citer leur nom, secret scientifique oblige… « Il faut que les extraits de ces plantes soient valorisables car à l’autre bout de la chaîne, il y a des industriels qui vont transformer et commercialiser les produits. L’avantage pour eux, c’est qu’ils pourront bénéficier à la fois d’une grande traçabilité, d’une très bonne qualité et d’une excellente activité biologique au niveau de la matière première », explique Florence Caldefie-Chézet.

DES EMPLOIS A LA CLE…

Concrètement, la mise en culture des plantes retenues aura lieu dans des zones de montagne du Puy-de-Dôme et du Cantal, voire de la Haute-Loire à terme. « Il faut adapter les bonnes plantes au bon endroit. Nous allons les mettre en culture au niveau des stations où elles se trouvent naturellement. Ça ne sert à rien de redescendre des plantes de montagne au niveau des plaines. Ce dispositif permettra aussi de travailler et de valoriser des espaces qui étaient plutôt en déshérence », affirme Albert Tourrette, producteur de plantes médicinales et gérant de T2T international, lequel a reçu dans ce projet l’appui du Parc naturel régional des volcans d’Auvergne. En aval, deux industriels de la région ont accepté de collaborer au projet Plantinauv, Greentech, une société implantée au Biopole de Gerzat, et Dômes Pharma, basée à Pont-du-Château. « Cette dernière va utiliser les extraits végétaux produits par Greentech et les formulera pour mettre les produits sur le marché », précise Pierre Chalard. Dans un premier temps, trois axes de commercialisation sont visés : la cosmétique, la santé animale et la nutraceutique (compléments alimentaires). Il faut souligner que les industriels participent non seulement à certains travaux scientifiques mais apportent également un financement propre. Les responsables de « Plantinauv » l’affirment : leur projet est potentiellement créateur d’emplois, aussi bien en amont, chez T2T International avec la mise en culture des plantes, que chez les équipes de recherches et à terme chez les industriels chargés de commercialiser les produits. Tous les acteurs impliqués le sont à parts égales. Ils ont d’ailleurs signé entre eux un accord de consortium. « Au-delà, ce projet s’inscrit pleinement dans les axes de recherche définis par la Région Auvergne-Rhône-Alpes », insiste Florence Caldefie-Chézet. « Il est même cohérent avec les domaines d’intérêt stratégiques régionaux notamment la création d’une vraie filière de production locale obéissant aux impératifs du développement durable », concluent les acteurs de Plantinauv.

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