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Surexposition aux écrans : attention dangers !

06h29 - 07 octobre 2023 - par Info Clermont Métropole
Surexposition aux écrans : attention dangers !
Le cerveau des plus jeunes se développe « en fonction des expériences que va faire l'enfant, mais dans un monde réel, en trois dimensions. »

En 2022, nous avons passé en moyenne 32 heures hebdomadaires sur un écran, soit un 5e du temps total disponible d'une personne ! Pour les petits (et les grands), il y a urgence à lever le regard nous rappelle le psychologue clinicien Marc Ferrero.

Assise sur un banc à l'ombre d'un platane centenaire, une jeune femme accompagnée d'un nourrisson présente un sein à l'enfant  et allume son téléphone portable. Avec dextérité, elle pianote sur le clavier tout en allaitant son bébé...

Au restaurant, un couple et une petite fille de 5-6 ans s'installent. Devant une pizza garnie de frites (sic), l'enfant scrolle des images animées sur l'écran de son téléphone posé habilement contre le verre devant elle tandis que les deux parents sont eux-mêmes absorbés chacun par leur téléphone...

Des situations vécues auxquelles le lecteur pourrait sans doute rajouter à foison des épisodes comparables. Ainsi l'écran est devenu « roi » à coté de « l'enfant-roi » et ce n'est pas sans conséquences pour les enfants du XXIe siècle... et les adultes ! Certains pourront arguer que l'écran de télévision existait bel et bien et dès lors qu'il n'y a rien de nouveau. Pourtant, le smartphone a changé radicalement les pratiques de tout un chacun.

En effet, d'abord non transportable, la TV est, sauf exception, plutôt un objet fédérateur pour la famille et son activité peut être régulée avec sa signalétique qui, si elle est respectée, entraîne une forme de contrôle des images pour les enfants. Il est vrai, cependant, que la TV est de moins en moins regardée par les plus jeunes. 

Chacun de ces épisodes nous montrent le raz de marée de la pratique des écrans au sein de la société, toutes générations confondues.

Chiffres révélateurs

En 2023, en France, plus de 96 % des enfants possèdent ou utilisent au moins un équipement numérique, avec un risque réel de surexposition. :

- 3 heures en moyenne par jour pour les moins de 3 ans ! 

- 5 heures pour les 8-12 ans 

- 6 h 45-7 heures pour les ados ! 

En 2022, nous avons passé en moyenne 32 heures hebdomadaires sur un écran. Le rapport souligne que cela représente « un cinquième du temps total disponible d'une personne (168 heures par semaine) » et « un peu moins d'un tiers (29% exactement) environ du temps disponible hors sommeil ».

Cela représente 2400 heures par an soit 100 jours ! Plus que le temps de travail annuel pour ceux qui sont à 35 heures. Imaginons ce que nous pourrions faire de tout ce temps qui serait alors disponible pour d'autres activités. 

Quels impacts ?

Le sommeil : un usage immodéré des écrans entraîne chez l'enfant des troubles du sommeil qui, eux-mêmes vont entraîner des difficultés de concentration, de l'irritabilité, de l'alimentation, des émotions et de  mémorisation. En 30 ans, les enfants et les jeunes ont perdu environ 2 heures de sommeil, indique ainsi Sylvie Royant-Parola, psychiatre. 

Les apprentissages : Le cerveau des plus jeunes se développe « en fonction des expériences que va faire l'enfant, mais seulement si ces expériences sont dans le monde réel, en trois dimensions », insiste la pédiatre Anne-Lise Ducanda. Autrement dit, « ce qu'il voit, il faut qu'il le touche, qu'il bouge son corps. » 

Le langage : « le cerveau de l'enfant est programmé génétiquement pour parler, marcher, se concentrer. Mais ensuite, tout dépend de l'environnement. Et, dans le cas des jeunes en difficulté, 95% d'entre eux étaient surexposés aux écrans » dit une pédiatre. On observe aussi, en général, que les inégalités sociales face aux écrans sont pharamineuses. On nous dit quelquefois que l'écran est bénéfique dans ses usages éducatifs et que des enfants progressent. Cela peut être vrai mais c'est toujours pour ceux qui sont dans un milieu familial attentif et dynamique...

Les troubles de la communication : ils se retrouvent aussi dans la capacité d'interaction de l'enfant. Certains de ces troubles au niveau de la relation et de la communication peuvent même être confondus « avec des syndromes autistiques », alerte Anne-Lise Ducanda. 

Vision et audition : au niveau de la vision aussi, les conséquences sont tout aussi délétères. Cela favorise la myopie car l'enfant n'est pas assez à l'extérieur. En outre, « la lumière bleue est toxique pour la rétine.   

La pédiatre en PMI Anne-Lise Ducanda nous rappelle » qu'un écran qui s'allume, c'est bien souvent un enfant qui s'éteint ! « 

Marc Ferrero est Psychologue clinicien.

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