Alain Penaud : « Damian doit se fixer lui-même des objectifs »

[caption id="attachment_218153" align="aligncenter" width="800"] Damian Penaud au stade de France en juin dernier. Première finale de Top 14 et premier Brennus ![/caption]
L’ancien joueur de Brive et de Toulouse évoque la brillante trajectoire de son fils Damian sous les couleurs de l’ASM Clermont Auvergne.
Comment avez-vous vécu la saison assez exceptionnelle de Damian, champion de France 2017, sélectionné en équipe de France à seulement 20 ans ?
Je l’ai vécu avec beaucoup de joie notamment en voyant que Damian prenait du plaisir et qu’il avait touché du doigt ce que tout sportif, notamment rugbyman, recherche comme un graal. Je le vis forcément assez bien avec un peu de recul. Après, il y a toujours cette part d’anxiété liée aujourd’hui à l’évolution de ce sport. Le plus important, c’est qu’il y trouve son compte, qu’il prenne du plaisir et ce, le plus longtemps possible.
Y-a-t-il un peu chez vous un sentiment de fierté ?
Il y a forcément de l’émotion, un peu de fierté aussi, mais j’ai deux enfants et j’éprouve les mêmes sentiments envers eux. Je pense que ce sont de bons garçons. J’ai de bons retours sur leur état d’esprit. En tant que père, c’est le plus important.
Avez-vous été surpris par ses performances sur le terrain ?
C’était peut-être plus facile à mon époque (rires…). Mais avec Damian, on évite ce genre de comparaison. Après, il sait ce que je pense de ses qualités et de ses défauts. Ces performances, elles n’étaient pas forcément attendues. Mais les conditions ont fait que… Il a su saisir sa chance. Et puis franchement, quand on est dans un club entouré de joueurs comme Aurélien Rougerie, Benson Stanley, Rémi Lamerat ou Wesley Fofana, et que l’on possède quelques qualités, c’est quand même l’endroit le plus propice à une éclosion précoce. Au-delà, je pense qu’il se sent bien aussi dans ce groupe, ce club et dans cette ville. Encore une fois, ce n’est que du bonheur pour les parents.
Alors que Brive n’avait pas souhaité le conserver, venir à Clermont a été le bon choix finalement ?
Quand la question s’est présentée, il n’y avait pas beaucoup de clubs sur lesquels il pouvait se positionner. Clermont faisait partie de ces clubs-là et arrivait sans doute en tête de liste. Cela s’est présenté et tant mieux pour Damian. L’ASM, en termes de formation, est certainement aujourd’hui le plus grand club français.
Vous arrive-t-il encore de lui donner des conseils ?
Non. Quand on échange tous les deux, ça reste entre nous (sourire…). Damian se construit aujourd’hui un prénom. Je peux comprendre aussi que trop de présence de ma part puisse être un peu pesant pour lui. J’ai vécu ma période, à lui de vivre pleinement la sienne. Quand on parle, nos échanges restent avant tout positifs, liés à la notion de plaisir plus qu’à des considérations tactiques ou techniques. Damian est entouré de partenaires et d’entraîneurs qui lui apportent beaucoup plus que je ne suis capable de le faire. Il faut savoir rester à sa place.
Vous attendez quoi de lui pour l’avenir, qu’il confirme, en sachant qu’une carrière peut avoir des hauts et des bas. Le mettez-vous en garde ?
Absolument pas. Il peut paraître parfois un peu dilettante même si ce n’est pas forcément le cas. Damian est conscient de ce qui lui est arrivé, de ce qu’il doit à ses partenaires et à ce club. Il sait aussi que les choses peuvent tourner vite. Il s’est remis au travail après une toute petite coupure à l’intersaison. Franck Azéma a dit qu’il avait « basculé ». Personnellement, j’attends juste qu’il soit le plus heureux possible, le plus longtemps possible. Damian doit se fixer lui-même des objectifs. Peut-être que les siens sont d’ailleurs les mêmes que les miens, à savoir prendre du plaisir. C’est ce que je l’encourage à faire.
0 commentaires