Tiretaine, une rivière secrète sous Clermont-Ferrand

[caption id="attachment_217435" align="aligncenter" width="800"] la Tiretaine dans le parc Beaulieu à Chamalières ©JJA[/caption]
Elle s’écoule sous les rues et les places de Clermont-Ferrand, et parfois se laisse voir…
« Pourquoi les Clermontois ont–ils canalisé et recouvert leur rivière » ? interroge Jean-Michel Delaveau, ingénieur et géographe de l’Equipement, qui a étudié la Tiretaine pendant 30 ans. Il vient de réaliser un ouvrage très complet, avec pas moins de 500 illustrations (dont 55 cartes), en fait une véritable encyclopédie de la rivière secrète de Clermont-Ferrand.
Depuis au moins vingt siècles, la Tiretaine a connu les populations locales. La cohabitation s’est bien passée jusqu’à la moitié du 19ème siècle. L’expansion de Clermont-Ferrand a alors transformé la rivière en égout.
Il faut dire aussi que le pittoresque cours d’eau dévalant de la Chaîne des Puys peut, après de gros orages, se muer en torrent belliqueux au point de submerger certains quartiers. De mémoire de Clermontois, la crue la plus sévère s’est produite le 17 juillet 1835. On déplora 11 morts à Royat, Chamalières et de gros dégâts dans le quartier des Bughes. Plus près de nous, le 9 août 2014, après un gros orage, l’eau écroulait en quelques minutes un mur vieux de trois siècles sur trente de mètres de long, dans l’Institution Saint-Alyre.
[caption id="attachment_217436" align="aligncenter" width="800"]
On a même créé un « Port Beaulieu » ©JJA[/caption]
Un delta vers Montferrand
« Sa source officielle se situe à la Font de l’Arbre. En fait, la tiretaine est issue de trois cours d’eau dont deux sont totalement souterrains, et qui se rejoignent au village de la Font de l’Arbre », explique Jean-Michel Delaveau. « Elle descend de la Chaîne des puys par Royat. A Clermont-Ferrand, différentes ramifications se dispersent sous la ville et se multiplient souvent sous forme de biefs et de rases. Il devient bien difficile de s’y retrouver, d’autant plus que La Tiretaine prend parfois d’autres noms. La branche sud rejoint l’Artière en un tracé unique, tandis que la branche nord alimente un delta- ce qui favorise l’irrigation- cerne Montferrand, et finit par rejoindre le Bédat. Toutes ces eaux finissent dans l’Allier. « C’est une rivière oubliée, dénigrée », regrette Jean-Michel Delaveau. « Mais on a recommencé à s’en préoccuper au tournant de l’an 2000 ». En effet, Clermont agglomération, dans le cadre du PLU- Plan local d’urbanisme clermontois, prévoit d’ouvrir le cours d’eau entre Polydôme et les Pistes ». Un premier pas pour que la population retrouve sa rivière. Il faut aussi se prémunir contre les crues. Pour cela, on va construire six bassins souterrains de stockage-restitution des eaux pluviales. Ils vont remplacer les bassins d’orage, et renverront progressivement l’eau pluviale après passage en station d’épuration. Le chantier du premier bassin a commencé aux Vergnes. Les travaux préparatifs du second ont débuté sur le parking de Michelin, boulevard Jean-Baptiste Dumas. [caption id="attachment_217437" align="aligncenter" width="800"]
16 balades à découvrir
Et l’avenir ? Il paraît plus serein. Jean-Michel Delaveau l’affirme : « Elus et techniciens prennent en compte l’existence de ce cours d’eau, issu comme le Bédat de « l’éponge volcanique ». L’histoire de la relation des Clermontois et de la Tiretaine traverse le passé, et nous conduit à nous interroger sur l’avenir de ce patrimoine naturel en sursis. Le moment est venu de considérer la Tiretaine, non comme un problème permanent, mais comme un atout en devenir. L’évolution de l’intercommunalité fait réapparaître les liens que la ville a entretenu avec l’Allier. Les enjeux de la gestion de l’eau à l’échelle mondiale doivent aussi nous rapprocher de ceux de la tiretaine et de l’Allier ». Cet ouvrage va vous réapprendre à aimer la rivière de Clermont-Ferrand. L’auteur en parle magnifiquement, et avec passion. Dans une dernière partie de l’ouvrage, il nous livre l’itinéraire de 16 balades pour renouer avec la tiretaine, de la source à la Limagne. « La Tiretaine, rivière secrète du grand Clermont », de Jean-Michel Delaveau, paru aux éditions des monts d’Auvergne. [caption id="attachment_217438" align="aligncenter" width="800"]

0 commentaires