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Fabrice Boyer « La filière du livre et de la lecture est la pierre angulaire de l’exception culturelle française »

09h19 - 12 juin 2017 - par Info Clermont Métropole

Président auvergnat de l’Association des Bibliothécaires de France (ABF), il demande avec d’autres professionnels du livre la création d’une agence spécifique à la filière sur la grande région. [caption id="attachment_217238" align="alignleft" width="210"] Il rappelle que l'agence régionale du livre, de la lecture et de la documentation n'agit pour l'heure qu'en Rhône-Alpes (c) DR[/caption] Vous demandez, avec d’autres structures, la création en Auvergne-Rhône-Alpes d’une agence du livre. Quel serait son rôle ? Pour être exact, il existe d’ores et déjà une agence du livre, de la lecture et la documentation en Rhône-Alpes. Or, cette agence n’a - encore ! - pas la compétence pour agir en Auvergne. Ce que nous revendiquons n’est autre qu’une agence pour cette filière qui instruirait les dossiers sur les douze départements. Quand je dis « nous », il s’agit des bibliothécaires représentés par le groupe Auvergne de l’ABF, de l’association cantalienne des amis de la lecture, de Passeurs de mots, des libraires représentés par LIRA (l’Association des libraires indépendants en Auvergne) et d’un éditeur jeunesse (La Poule qui Pond). Pourquoi une agence de ce type ? Pour huit raisons. Nous voulons bénéficier de l'expertise d'interlocuteur(s) identifié(s) connaissant notre territoire pour accompagner les porteurs de projets, continuer à travailler en interprofession (bibliothèques, acteurs de l'économie du livre, éditeurs, libraires indépendants), bénéficier d'une visibilité en termes de communication de nos actions, avoir accès à des annuaires à jour de professionnels du monde de la culture, bénéficier d'études transversales, statistiques ou thématiques sur les évolutions de la filière du livre, nouer des projets spécifiques de collaboration et partager les innovations dans nos domaines d'intervention. Ce projet est essentiellement porté par des acteurs auvergnats. Ne faudrait-il pas associer les Rhônalpins pour plus d’impact ? C’est une évidence. Du reste, un communiqué commun avec le groupe rhônalpin de l’ABF a paru en novembre dernier. Mais il fallait déjà faire remonter à l’exécutif régional le vide qu’il y avait au niveau des quatre départements auvergnats depuis la fermeture du Transfo. Nous avons été reçus en mars à l’Hôtel de Région de Clermont à ce sujet. Existe-t-il des agences similaires dans d’autres régions ? Oui, avec un entre-deux palpable actuellement dans les nouvelles grandes régions nées de la réforme territoriale. Le Transfo ne remplissait-il pas -au moins partiellement – cette mission ? Certainement, mais avec le Transfo, l’action pour le livre et la lecture était de facto diluée dans une agence à compétences multiples, avec des moyens insuffisants, alors que la filière a des fortes particularités. En effet, la filière du livre et de la lecture est la pierre angulaire de l’exception culturelle française et obéit à un cadre économique distinct (crédits d’investissements spécifiques pour les médiathèques, appui à des salons du livre, loi Lang sur le prix du livre). Et nous constatons qu’avec l’ARALD, l’Agence Rhône-Alpes pour le Livre et la Documentation, présidée par un professionnel reconnu nationalement et dirigé par un acteur efficace du secteur culturel, Rhône-Alpes bénéficie déjà d’une agence à forte valeur ajoutée. Quel est le poids de la filière livre en Auvergne - Rhône-Alpes ? D’après l’atlas mis en ligne, le ministère de la Culture signale que les bibliothèques, avec l’art lyrique, constituent le premier poste de dépenses des collectivités (189 M€). La filière du livre - hors bibliothèques - emploie plus de 4.500 personnes. Si l’on focalise l’attention sur l’Auvergne, c’est 36 structures d'édition (17.148.000€ de chiffre d’affaires), 49 auteurs professionnels domiciliés, 49 librairies indépendantes (22.590.000 € de chiffre d’affaires) et 220 bibliothèques et médiathèques. Quels enjeux et défis la filière doit-elle relever ? Je ne suis que bibliothécaire et n’ai pas la prétention de pouvoir parler pour les libraires et les éditeurs. Néanmoins, je pense que sont cruciaux la question du numérique, l’appui aux horaires d’ouverture des bibliothèques, la visibilité de la richesse culturelle fabuleuse que représente le livre et sa démocratisation, le maintien de maisons d’édition vivantes et diversifiées et un maillage territorial dense de librairies indépendantes. Clermont candidate au titre de capitale européenne de la culture. Le livre est-il suffisamment pris en considération dans l’élaboration de ce projet ? Ce que j’en sais actuellement, c’est que les médiathèques de Clermont Auvergne Métropole sont étroitement associées aux événements à venir les 6, 7 et 8 octobre et qu’Olivier Bianchi, au congrès de l’ABF de Clermont-Ferrand, a annoncé que le livre y aurait toute sa place. Une éditrice a été nommée ministre de la Culture. Un signal positif pour la profession ? Nous nous réjouissons qu’une femme du livre, exigeante et ouverte, nous représente au gouvernement.

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